Publié le 29 mai 2023Lecture 2 min
Peut-on espérer prévenir la dermatite atopique avec des émollients ?
Guy DUTAU, allergologue-pneumologue-pédiatre, Toulouse
Plusieurs études ont évalué l’intérêt de l’utilisation d’émollients pour prévenir la dermatite atopique (DA) et l’allergie alimentaire (AA). Une métaanalyse a été entreprise afin de synthétiser les données probantes sur l’efficacité et l’innocuité des émollients appliqués dès les premières semaines de vie.
Pour cela, les bases de données MEDLINE, Embase, CINAHL, BIOSIS et celles de la Cochrane Library ont été systématiquement explorées afin d’identifier les essais contrôlés randomisés publiés sur ce thème entre janvier 2000 et juillet 2020.
Les études ayant examiné les effets des émollients prescrits à titre prophylactique dès les 6 pre-mières semaines de vie sur le développement de la DA à l’âge de 24 mois, comparé à l’absence de traitement ont été retenues.
Le risque de biais et le niveau des preuves ont été évalués à l’aide de l’outil de la Cochrane Collaboration et du processus GRADE.
EFFICACITÉ DES APPLICATIONS PRÉCOCES ET CONTINUELLES DANS LES POPULATIONS À HAUT RISQUE
Parmi les 1 486 articles identifiés, 10 études remplissaient les critères d’inclusion. Chez les nourrissons ayant reçu des émollients, il n’y a pas eu de diminution significative du développement de la DA (RR : 0,84; IC 95 % : 0,64-1,10) par rapport au groupe témoin.
Cependant, on notait un bénéfice significatif apporté par les émollients prescrits à titre préventif (RR : 0,75; IC 95 % : 0,62- 1,11) dans la population à haut risque (n = 8 études). Le bénéfice était également significatif avec RR à 0,59 (IC 95 % : 0,43-0,81) dans les 6 études où les émollients étaient utilisés en continu jusqu’au point d’évaluation de la DA, mais pas lorsque le traitement avait été interrompu pendant un certain temps avant l’évaluation de la DA.
Aucun effet protecteur vis-à-vis de l’AA n’a été trouvé.
Pour Zong et coll., l’application prophylactique d’émollients commencée pendant la petite enfance peut prévenir la DA, en particulier dans les populations à haut risque et lorsque ces produits sont utilisés en continu.
Ils émettent l’hypothèse selon laquelle les émollients peuvent retarder plutôt que prévenir la DA. Toutefois, compte tenu de données récentes moins probantes, cette étude permet de préciser les conditions optimales d’utilisation des émollients en prévention de la DA.
Il faut en particulier tenir compte des facteurs culturels des populations, des habitudes familiales, du statut socio-économique.
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