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Allergologie

Publié le 25 sep 2024Lecture 4 min

Où en est-on de l’allergie de contact aux gants ?

Catherine FABER, d’après la communication de L. Bertolotti-Potachin (Lyon)

L’eczéma de contact des mains représente 90 % des dermatoses liées aux équipements de protection individuelle.

Des différences subtiles de présentation clinique entre les eczémas irritatifs (ECI) et allergiques (ECA) sont décrites dans la littérature. Cependant, en pratique, il n’est pas toujours facile de distinguer cliniquement ces deux entités. Des travaux récents sur des biopsies de lésion d’eczéma ont permis d’identifier des biomarqueurs qui différencient allergie et irritation(1). Les gants en caoutchouc naturel (latex) ou synthétique (nitrile, butyle, néoprène, polyisoprène…) sont fréquemment à l’origine d’ECA, essentiellement chez les soignants. Ils contiennent de multiples substances susceptibles de déclencher des réactions allergiques : des accélérateurs de vulcanisation le plus souvent, des biocides dont les isothiazolinones, le formaldéhyde et l’ammonium quaternaire, ainsi que des antioxydants et des pigments dans les gants colorés. Des gants médicaux ou non médicaux sans accélérateurs de vulcanisation sont disponibles. Mais une contamination des bains « accelerator free » dans les usines fabricant aussi des gants avec accélérateurs de vulcanisation est possible. Il n’est donc pas étonnant de voir parfois des cas d’allergie de contact à ces substances dans des gants qui ne devraient pas en contenir(2). De fait, l’absence d’une substance peut seulement être déclarée par le fabricant si elle n’a été utilisée dans aucun des procédés de fabrication. Un nouveau type de gant en caoutchouc fabriqué à partir du guayule, une plante à fleurs de la famille des Asteraceae du Mexique, pourrait devenir une alternative chez les sujets allergiques au latex issu de l’hévéa(3). Ce caoutchouc naturel est aussi robuste que le nitrile et aussi résistant aux déchirures que le latex d’hévéa tout en étant léger et confortable. Les gants en guayule sont encore au stade de prototype, notamment dans le domaine de la protection contre les radiations. Il n’y a à ce jour aucune information sur le procédé de fabrication et donc sur leur contenu en allergènes. Dans les gants plastiques en polychlorure de vinyle (PVC) ou en polyéthylène, outre les colorants et les biocides, principalement la benzisothiazolinone, on trouve des plastifiants parmi lesquels le bisphénol A et le triphényl phosphate et le triphénylphosphite(4). Il existe également des gants de manutention avec un tressage souvent en coton et un revêtement en caoutchouc ou en cuir, et des gants anti-coupure, soit avec du nylon tressé et un revêtement en polyuréthane, soit en métal.   NOUVEAUX ALLERGÈNES   Plusieurs nouveaux allergènes présents dans les gants ont été identifiés, principalement par analyse chromatographique avec spectrométrie de masse. Deux d’entre eux ont été retrouvés dans les gants nitrile sans accélérateurs de vulcanisation : un plastifiant (2,2,4- trimethyl 1,3-pentanediol diisobutyrate)(5) et le 2-cyanoéthyl diéthyldithiocarbamate, un probable produit issu de la vulcanisation(6). Les autres allergènes découverts sont un plastifiant et un stabilisant des gants vinyle (poly[adipic acid-co-1,2- propylene glycol] et di-[n-octyl] tin-bis[2-ethylhexylmaleate])(7,8), la triphényl guanidine, un accélérateur de vulcanisation(9) et le conservateur méthylisothiazolinone(10). Dans le cadre d’un guide d’aide au choix des gants pour les salariés allergiques, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a étudié 43 allergènes dans 63 types de gants(11). Ce travail a montré la fréquence des thiazolinones, la benzisothiazolinone surtout, retrouvée dans tous les types de gants, et la méthylisothiazolinone dans les gants nitrile, des parabènes dans les gants en caoutchouc et de l’isobornyl acrylate dans les gants nitrile et les gants néoprène. Un autre point à souligner concerne la couche d’enduction au niveau de la surface interne du gant qui a été modifiée pour faciliter l’enfilage. Sa composition est inconnue, car c’est une technologie brevetée.   UNE « BATTERIE GANT »   Pour confirmer le diagnostic d’ECA aux gants, on peut utiliser la batterie standard ou la « batterie gant », dont l’efficacité a été démontrée(12). Cette batterie est une adaptation de la batterie caoutchouc avec des additifs. L’exploration fait appel à des patch-tests réalisés avec un morceau de gant tel quel dans une cupule ou à des tests semi-ouverts avec un morceau de gant de 5/5 cm tel quel et sans humidification. Ces derniers sont plus sensibles que les patch-tests. Un test d’application répétée (Glove Repeated Application Test 2 [GRAT]) vient de faire la preuve de son intérêt diagnostique(13). Il consiste à appliquer un morceau de gant une fois par jour au coucher, au même endroit, sur une zone saine de l’avant-bras pendant 10 nuits. Le test est considéré comme positif s’il déclenche un eczéma caractérisé par un érythème infiltré et des papules recouvrant au moins 25 % de la zone testée. Le GRAT est simple à réaliser, non invasif, peu coûteux et sa sensibilité est meilleure que celle des deux tests précédents. D’après la communication de L. Bertolotti-Potachin (Lyon), CFA 2024.

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