Troubles pigmentaires
Publié le 30 oct 2024Lecture 3 min
Efficacité de l’upadacitinib dans le vitiligo non segmentaire - Résultats d’un essai contrôlé randomisé de phase II contre placebo
François CHASSET, service de dermatologie et allergologie, hôpital Tenon, Paris
Le vitiligo est une maladie auto-immune caractérisée par une perte des mélanocytes de l’épiderme et entraînant une dépigmentation de la peau. Le vitiligo est une maladie relativement fréquente puisqu’elle touche entre 0,5 et 1 % de la population et s’associe à un retentissement important sur la qualité de vie, notamment quand elle touche des zones visibles, en particulier le visage. Sur le plan physiopathologique, le vitiligo est caractérisé par une infiltration cutanée des lymphocytes T CD8+ produisant de forts taux d’interféron gamma qui détruisent les mélanocytes. L’interféron gamma active la voie JAK-STAT, ce qui induit l’upregulation d’une chimiokine CXCL10 qui permet le recrutement de ces lymphocytes CD8+.
Les anti-JAK qui inhibent cette voie JAK-STAT sont de plus en plus utilisés, avec des résultats intéressants dans le vitiligo. Nous avions rapporté il y a quelques mois les résultats des 2 essais de phase III avec le ruxolitinib topique actuellement commercialisé sous le nom de OPZELURA 15 mg/g, crème et disponible en pharmacie hospitalière (ndlr, Dermatologie pratique no 466-467, janvierfévrier 2023). Il n’existe actuellement pas de traitement systémique ayant l’autorisation de marché dans cette pathologie.
Dans cette étude sont rapportés les résultats d’un essai de phase II évaluant l’efficacité de l’upadacitinib, inhibiteur de JAK, ciblant plus particulièrement JAK1 par rapport à JAK2, 3 ou TYK2.
Il s’agissait d’une étude de phase 2, multicentrique, randomisée, en double aveugle, contrôlée contre placebo. Les critères d’inclusion étaient un vitiligo du visage avec un score minimal de facial VASI (F-VASI) ≥ à 0,5 et total VASI (T-VASI) ≥ à 5. Un traitement par inhi - biteur de JAK topique ou systémique était un critère d’exclusion. Les patients étaient randomisés aléatoirement (2 : 2 : 2 : 1 : 1) pour recevoir de l’upadacitinib à des doses de 6 mg (UPA6), 11 mg (UPA11), 22 mg (UPA22) ou un placebo (PBO) pendant 24 semaines (période 1). Pour les semaines 24 à 52 (période 2), tous les patients ayant reçu de l’upadacitinib ont continué leur traitement, tandis que ceux sous PBO ont basculé vers l’upadacitinib 11 ou 22 mg/j en aveugle également. Le critère d’évaluation principal était la variation en pourcentage par rapport à la valeur initiale du score F-VASI à la semaine 24. Parmi les critères secondaires importants, on note le pourcentage de patient atteignant une amélioration de 75 % du score F-VASI par rapport à baseline (F-VASI 75), l’amélioration de la qualité de vie avec le score VitiQoL et la tolérance.
Au total, 185 patients, âgés de 18 à 65 ans, atteints de vitiligo non segmentaire, ont été inclus dans l’étude, environ 40-45 dans chaque bras. À la semaine 24, les différences moyennes ajustées par rapport au placebo dans la variation en pourcentage du score F-VASI étaient de –7,60 (IC 95 % : –22,18 à 6,97 ; p = 0,3037) pour UPA6, –21,27 (IC 95 % : –36,02 à –6,52 ; p = 0,0051) pour UPA11, –19,60 (IC 95 % : –35,04 à –4,16 ; p = 0,0132) pour UPA22. La variation en pourcentage du score T-VASI était de : –7,45 (IC 95 % : –16,86 à 1,96 ; p = 0,1198) pour UPA6, –10,84 (IC 95 % : –20,37 à –1,32 ; p = 0,0259) pour UPA11, –14,27 (IC 95 % : –24,24 à –4,30 ; p = 0,0053) pour UPA22. Une proportion plus élevée de patients a atteint un score F-VASI 75 à la semaine 24 avec l’upadacitinib à 6 mg (quatre [8,2 %] sur 49 patients ; différence vs placebo : 6,9 % ; IC 95 % : –1,3 à 15,2 ; p = 0,1000 [non significatif]), l’upadacitinib à 11 mg (neuf [19,1 %] sur 47 patients ; différence vs placebo : 17,8 % ; IC 95 % : 6,5- 29,0 ; p = 0,0020) et l’upadacitinib à 22 mg (1 sur 43 patients [14,0 %] ; différence vs placebo : 11,7 % ; IC 95 % : 1,4-21,9 ; p = 0,0258) vs au placebo (1 sur 46 patients [2,2 %]). Une augmentation de la repigmentation s’est poursuivie pour atteindre un plateau à la semaine 52. Une amélioration significative de la qualité de vie était observée uniquement pour l’UPA11. Le taux d’effet indésirable était globalement similaire entre l’UPA et le placebo, peut être un peu plus important pour l’UPA22. Une ischémie myocardique et été retenue comme imputable potentiellement à l’UPA6, et un patient est décédé de cause indéterminée. Trois patients ont eu des zonas localisés sans séquelles. Dans la période de suivi, un patient de > 65 ans a présenté un AVC ischémique dans le groupe UPA11.
Au total, l’upadacitinib pourrait représenter une nouvelle option de traitement pour le vitiligo et confirme la place des inhibiteurs de JAK dans cette stratégie. Des essais comparant leur efficacité vs ruxolitinib topique, en association et/ou avec photothérapie ouvrent de grandes perspectives thérapeutiques dans cette maladie.
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