Publié le 26 fév 2025Lecture 4 min
Comblement et induction tissulaire : mise au point sur les bio-inducteurs
Catherine FABER, d’après la communication de Phryné Foulc

La biostimulation est l’autorégénération de la qualité cutanée sous l’effet d’inducteurs variés, dont les bio-inducteurs. L’application de ce concept de médecine régénérative à la médecine esthétique n’est pas récente, mais la gamme des produits biostimulants s’est progressivement élargie.
Outre les bio-inducteurs, le processus de régénération tissulaire peut être stimulé par les lasers, la radiofréquence, les ultrasons focalisés de haute intensité (High Intensity Focused Ultrasound [HIFU]), la mécanostimulation, la graisse autologue et des produits comme le plasma riche en plaquettes (PRP) ou le NCTF® (New Cellular Treatment Factor). Les exosomes pourraient également avoir un intérêt en médecine régénérative. Les bio-inducteurs sont indiqués quand les techniques de chauffe thermique ne sont plus adaptées en raison d’une peau trop âgée, trop insolée ou plus fine, ou quand le relâchement est trop important pour que ces techniques soient efficaces. Dans certains cas, l’association d’un bio-inducteur avec une autre technique de biostimulation, notamment thermique, peut être intéressante.
Quatre types de bio-inducteurs sont actuellement disponibles : l’acide hyaluronique (AH) a minima et le Profhilo® (mélange d’AH de haut et de bas poids moléculaire), l’hydroxyapatite de calcium (calcium hydroxylapatite [CaHA]), l’acide polylactique (poly-L-lacticacid [PLLA]) et le polycaprolactone (PCL). Le plus anciennement connu, l’AH, a été développé il y a une trentaine d’années.
L’objectif des bio-inducteurs est de stimuler les fibroblastes par le biais d’une réponse macrophagique inflammatoire qui va induire une production accrue de collagène et une fibrose(1). Ils sont composés de microsphères de tailles homogènes de 20 μm à 45 μm. Ces structures ne doivent être ni trop petites pour ne pas être phagocytées, ni trop grandes pour éviter la formation de nodules. D’autres caractéristiques sont à prendre en compte comme la régularité de la surface des particules, leur caractère sphérique ou aplati et leur homogénéité au sein du produit injecté(2).
En pratique
L’AH, qui appartient à la famille des glycosaminoglycanes, est un composant naturel de la matrice extracellulaire. Il est surtout utilisé pour son pouvoir réhydratant, mais il active également les fibroblastes. Des travaux in vivo ont montré que l’AH induit une augmentation de la synthèse de collagène dans le derme par une augmentation du « stretching » (étirement) des fibroblastes(3). Le Profhilo® agit à la fois sur les fibroblastes, les kératinocytes et les adipocytes. Sa technique d’injection est différente : à l’aiguille sous forme de bolus en intradermique profond ; le nappage est spontané. Ce produit est à utiliser en cas de peau molle avec un relâchement modéré. Il n’est pas efficace chez les sujets qui présentent une héliodermie majeure ou qui ont une peau trop fine. La facilité et la rapidité des injections en font un produit intéressant pour les actes sur le cou et le décolleté.
Le PLLA (Sculptra®, Lanluma®) entraîne une réaction à un corps étranger avec une fibrose et une néocollagenèse. Plusieurs injections sont nécessaires pour obtenir le résultat souhaité. La tenue est un peu plus prolongée (2 ans) et il n’y a pas de risque de surcorrection. Les résultats apparaissent après 3 à 9 mois. Cet inducteur tissulaire augmente l’épaisseur du derme et améliore le tissu cutané, mais il ne permet pas la projection. Le PCL (Ellansé®, Gouri®) est un polymère organique aliphatique dans un gel de carboxyméthyle cellulose (CMC). Ses microsphères sont identiques aux matériaux des fils de suture résorbables(4). Il induit une réaction inflammatoire intermédiaire et se distingue du PLLA et du CaHA par une biodégradation plus lente, jusqu’à 4 ans, permettant une tenue plus prolongée. Comme le PLLA, le CaHA est biocompatible, biodégradable et immunologiquement inerte. Ses effets résultent surtout d’une stimulation fibroblastique. La réaction inflammatoire induite par ce biocéramique est moindre. Il donne un résultat volumétrique immédiat, puis une néocollagénèse(5). La composition des produits à base de CaHA disponibles est variable : CaHA 30 % pur et CMC 70 % pour le Radiesse® ; AH 20 mg/mL et CaHA 30 % pour l’HArmonyCa® ; CaHA, AH dans de fines particules, proline et glycine pour le Stimulate® et l’Hydro Deluxe®. Le premier peut être utilisé après dilution dans du sérum physiologique pour les peaux fines, le cou, le décolleté, les mains et le corps. Les injections de CaHA sont contre-indiquées dans les régions péribuccale et périorbitaire à cause du risque accru de formation de nodules. Elles doivent être réalisées dans le derme profond, obligatoirement à la canule (22G), suivies de massages pour permettre une intégration tissulaire parfaite du produit.
Les bio-inducteurs suscitent encore beaucoup de questions scientifiques, notamment sur leurs mécanismes d’action précis(6). Des recherches supplémentaires avec des études cliniques bien menées permettront d’y répondre.
D’après la communication de Phryné Foulc (Nantes). 44e Congrès de médecine esthétique et de chirurgie dermatologique (SFME), Paris, 13-14 septembre 2024.
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