Publié le 26 fév 2025Lecture 3 min
Les techniques d’anesthésie de la zone périorale
Catherine FABER, d’après la communication de Nathalie Gral

Au niveau de la zone périorale, lorsque l’anesthésie topique est insuffisante, les interventions esthétiques sont réalisées sous anesthésie par bloc du nerf mentonnier, du nerf sous-orbitaire ou de sa branche terminale.
L'anesthésie topique est suffisante pour les lasers fractionnés non ablatifs, la radiofréquence et pour les injections de fillers au niveau des lèvres dans la plupart des cas. Elle se fait avec un mélange eutectique de lidocaïne 5 % et de prilocaïne 5 % (Emla®). La crème doit être appliquée par le patient 2 heures avant, soit sous occlusif, soit par applications répétées toutes les 15 minutes. L’anesthésie par infiltration est indispensable dans les relissages par laser ablatif et dans les injections de fillers au niveau des lèvres pour certains patients, ainsi qu’en fonction de la longueur du geste. Certains médecins la pratiquent systématiquement.
L’anesthésie locorégionale (ALR) ou tronculaire est très intéressante pour les interventions esthétiques au niveau de la zone périorale, car elle permet de limiter la déformation tissulaire due à l’infiltration qui pourrait être observée avec l’anesthésie locale (AL). Elle est également simple à réaliser grâce à l’infiltration de deux nerfs facilement accessibles : le nerf sousorbitaire ou infra-orbitaire et le nerf mentonnier ou mental. Par rapport à l’AL, dont l’effet est immédiat, l’ALR a l’inconvénient d’avoir un délai d’action allant jusqu’à 15 minutes.
Pour pratiquer des ALR, il faut disposer d’un minimum de matériel de réanimation (canule de Guedel ou de Mayo, ampoule d’atropine, matériel pour poser une voie veineuse) et en vérifier régulièrement la date de péremption. L’anesthésique est injecté à l’aide d’une seringue de 5 cc, sans vis, car l’injection doit être réalisée à faible pression pour ne pas léser les nerfs, et de préférence avec une aiguille de 30 G. Le produit utilisé habituellement est la lidocaïne (Xylocaïne®) adrénalinée ou non, disponible en ville en flacon de 20 mL à différentes concentrations (0,5 %, 1 %, 2 %). Il existe des génériques de la lidocaïne adrénalinée qui ont des concentrations d’adrénaline différentes de celles de la Xylocaïne® adrénalinée.
Par voie externe ou endobuccale
L’anesthésie de la lèvre supérieure est réalisée par infiltration du nerf infra-orbitaire ou sous-orbitaire par le trou sous-orbitaire situé 1 cm au rebord orbitaire inférieure, à l’aplomb de la pupille.
Par voie externe, un doigt est placé au niveau du plancher de l’orbite pour protéger la cavité orbitaire et l’aiguille insérée au voisinage du sillon nasogénien situé 1 cm en dehors de l’aile du nez et 0,5 cm en dessous du trou.
Par voie buccale vestibulaire, une main soulève la lèvre et l’aiguille est introduite dans le sillon gingivojugal au niveau de la première prémolaire. Dans les deux cas, elle est toujours orientée en direction du foramen jusqu’à obtenir un contact osseux, puis retirée d’1 mm avant d’injecter la solution anesthésique (1 à 2 mL). Cette technique permet d’anesthésier la lèvre supérieure, mais également la zone médiane de la joue, la face latérale du nez et la paupière inférieure.
Pour les injections de fillers, l’anesthésie exclusive de la lèvre par infiltration uniquement de la branche terminale du nerf infra-orbitaire est suffisante. Elle se fait par voie buccale vestibulaire supérieure avec le même point d’entrée (fosse canine), en introduisant l’aiguille de seulement 2 mm dans le cul-de-sac gingival, puis en injectant 1 mL d’anesthésique.
La lèvre inférieure et le menton sont anesthésiés par infiltration du nerf mentonnier ou mental à travers le trou mentonnier. Pour effectuer le bloc par voie externe, l’aiguille est introduite à 1 cm en dehors du foramen qui se situe à mi-distance entre les bords supérieur et inférieur de l’os mandibulaire, à l’aplomb de la pupille. Pour le bloc par voie endobuccale, elle est insérée est dans le sillon gingivolabial à 0,5 cm audessus du foramen, à la jonction des deux prémolaires. Son trajet est le même que dans les techniques précédentes et le volume injecté identique à celui de l’infiltration du nerf sous-orbitaire.
Les complications, exceptionnelles, sont le plus souvent des complications locales. Des variations anatomiques peuvent être une cause d’échec du bloc. Il est alors parfois nécessaire de compléter avec des anesthésies locales.
D’après la communication de Nathalie Gral (Grenoble), 44e Congrès de médecine esthétique et de chirurgie dermatologique (SFME), Paris, 13-14 septembre 2024.
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