Publié le 13 juin 2017Lecture 2 min
Apron dermatitis ou dermatite en « tablier »
Dominique TENNSTEDT, Dermatologie UCL, Bruxelles
Quel diagnostic évoquer ? Il s'agit d'une dermatite en "tablier" également appelée apron dermatitis ou apron eczéma.
L’apron dermatitis est une affection essentiellement décrite dans la littérature anglo-saxonne.
Cette pathologie assez rarement rapportée au sein de la littérature est assez caractéristique sur le plan clinique : lésion arrondie parfois circinée, sèche et légèrement squameuse. Elle se situe classiquement à la partie la plus distale de la paume et atteint la partie proximale des doigts adjacents. Elle est centrée à l’intersection de 2 doigts, plus rarement 3 doigts. Le côté cubital de la paume serait plus souvent affecté sans que ceci ne soit absolu. Les faces latérales des doigts sont systématiquement respectées (figures 1 à 4).
Figure 1. Apron dermatitis ou dermatite en « tablier » (forme classique).
Figure 2. Apron dermatitis : fort grossissement (même patient).
Figure 3. Apron dermatitis ou dermatite en « tablier »
(forme plus rare de l’espace pouce-index).
Figure 4. Apron dermatitis : fort grossissement (même patient).
L’atteinte palmaire très caractéristique lui a conféré sa dénomination, car l’allure générale ressemble à un tablier de par sa configuration en demi cercle. En général, il n’existe aucune vésiculation.
Le prurit est modéré, souvent absent.De légères douleurs peuvent être signalées, généralement en raison de la présence de petites crevasses.
Il pourrait s’agir d’une variété particulière d’eczéma nummulaire, bien que la présence de lésions caractéristiques de ce type d’eczéma en d’autres endroits du tégument soit exceptionnelle.
L’image histologique est peu spécifique : épiderme épaissi avec hyper- et parakératose, rares foyers de spongiose, présence d’un infiltrat inflammatoire au sein des papilles dermiques (figure 5).
Figure 5. Apron dermatitis : examen anatomopathologique.
Les antécédents atopiques personnels ou familiaux ne sont que rarement signalés.
Des facteurs frictionnels, voire chimiques, pourraient jouer un rôle quant à la pérennisation de cette « curieuse » affection vraisemblablement d’origine endogène.
Le principal diagnostic différentiel à prendre en compte est la dysidrose palmaire qui peut prendre une topographie semblable mais est plus diffuse et atteint souvent les faces latérales des doigts (figures 6 à 8). L’apron dermatitis est très rebelle aux thérapeutiques classiques. L’éviction de facteurs irritatifs est recommandée. Les corticoïdes topiques sont peu actifs. Les inhibiteurs de la calcineurine peuvent être proposés mais ne sont pas constamment efficaces. Les rétinoïdes pourraient éventuellement être proposés en cas de lésions très invalidantes sur le plan professionnel ou journalier.
Figure 6. Dysidrose palmaire mimant une apron dermatitis.
Figure 7. Dysidrose palmaire mimant une apron dermatitis (même patient).
Il faut remarquer l’atteinte des autres doigts.
Figure 8. Dysidrose palmaire mimant une apron dermatitis (même patient).
Il faut remarquer l’atteinte des faces latérales des doigts.
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