Publié le 09 oct 2007Lecture 3 min
Les teintures capillaires toujours à la une !
Dr Geneviève Démonet
L’usage de la teinture capillaire est vieux comme le monde : elles étaient au départ végétales (henné, camomille, brou de noix…) ou métalliques (plomb, cuivre, nitrate d’argent) puis chimiques depuis la fin du 19ème siècle.
On distingue parmi ces dernières les colorations temporaires qui restent à la surface du cheveu et sont éliminées au shampooing suivant, les colorations semi-permanentes qui ont une tenue de 4 à 6 semaines et les colorations permanentes dites « d’oxydation » nécessitant le mélange extemporané d’une base d’oxydation et d’un agent coupleur. Le révélateur contient l’oxydant qui peut-être du peroxyde d’hydrogène, des perborates ou des percarbonates. Une étude norvégienne rapporte 10 % d’effets indésirables parmi 1 126 utilisateurs de teinture capillaire. Une réaction caustique est possible mais peu fréquente (brûlures parfois sévères). Les manifestations de type immédiat (moins d’une heure après le contact) restent rares : urticaire de contact parfois accompagnée de symptômes respiratoires voire de chocs. L’eczéma (dermatite) de contact affecte le cuir chevelu, la nuque, le front, les paupières, les tempes et les régions rétro-auriculaires. L’âge d’apparition de l’allergie a tendance à diminuer (tatouages au henné, recours plus jeune à la teinture). Les allergies de contact « par procuration » sont classiques mais rares. Une directive européenne interdit les diaminobenzènes et des diaminotoluènes dans les produits de teinture des cils et des sourcils. Ils sont cependant encore utilisés et responsables de symptômes parfois sévères. D’autres symptômes sont décrits : fréquentes leucodermies post-inflammatoires, transitoires ou durables, alopécie ou aggravation d’un lichen plan ou d’un prurigo nodulaire. Les allergènes responsables sont nombreux : parmi les colorants végétaux, l’allergie au henné est rare mais décrite (cependant, c’est l’adjonction de colorants chimiques qui est responsable de la majeur partie des sensibilisations). Parmi les colorants de synthèse et les agents couplants, la p-phenylènediamine (PPD) reste l’allergène vedette même si le toluène 2,5-diamine est le colorant le plus utilisé actuellement (c’est le 2ème allergène de contact en fréquence). Les aminophénols sont également allergisants tout comme le Basic Blue 99. Le résorcinol est un allergène de contact peu fréquent. Les ingrédients non colorants peuvent également être sensibilisants (anti-oxydants, conservateurs, parfums). Le peroxyde d’hydrogène n’est pas sensibilisant mais irritant. La teinture n’est cependant pas la seule cause d’allergie chez le coiffeur : shampooings, baumes après teinture, crèmes, gels et laques ne doivent pas être oubliés… Lors du bilan allergologique, les tests immédiats sont à utiliser avec prudence. Pour les tests retardés, la batterie standard permet de tester la PPD. Le risque de sensibilisation active existe. Il est prudent de diluer le test en cas de symptôme clinique sévère ou de sensibilisation par un tatouage au « henné ». L’utilisation de batteries complémentaires est parfois nécessaire pour assurer le diagnostic. Les teintures semi-permanentes ou permanentes peuvent être testées en semi-ouvert. L’éviction reste le seul traitement et il faut chercher une alternative avec la patiente.
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