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Allergologie

Publié le 19 nov 2009Lecture 5 min

Les urticaires aiguës d’origine alimentaire

A. BARBAUD, Nancy

Les urticaires d’origine alimentaire sont problématiques car les allergènes en cause sont très nombreux, ils peuvent être cachés dans un aliment et varier au cours de la vie. Le prick-test est l’examen d’investigation à privilégier, mais en cas de négativité, il faudra avoir recours au test de provocation oral à l’hôpital.

Dans l’immédiat Il est indispensable de récupérer toutes les informations sur les repas pris dans les 24 heures précédant l’urticaire, en recherchant bien sûr les aliments consommés mais également les allergènes cachés. Il faut, dans la mesure du possible, récupérer les étiquettes et demander au patient de conserver les aliments suspects. Pour éliminer une anaphylaxie ou une urticaire alimentaire d’effort, il faut faire préciser au patient si l’urticaire est survenue au repos ou lors d’un effort. Investigations Un mois plus tard, à distance de la prise d’anti-H1 et de corticoïdes, des investigations avec la recherche d’IgE spécifiques sériques ou la réalisation de pricktests peuvent être effectuées (1,2). Figure 1. Prick-test alimentaire positif à 20 minutes. Il faut prescrire une recherche d’IgE allergène par allergène ; les méthodes de recherche de multiples allergies alimentaires par un seul test étant non spécifiques et peu sensibles, elles ne sont plus recommandées chez ces patients. Les prick-tests sont très intéressants pour explorer les urticaires alimentaires et peuvent être réalisés avec les produits commercialisés. Il est parfois indispensable de tester les produits apportés par le patient. Si les aliments sont solubles ou réductibles en fine poudre, ils peuvent être testés en prick-tests, sinon, il faut avoir recours à la technique des « prick to prick ». Il s’agit tout d’abord de « pricker » l’aliment, puis avec le vaccinostyle qui a été en contact avec cet aliment, de faire un prick sur l’avant-bras du patient. Les lectures se font comme avec les solutions standardisées après 20 minutes comparativement à un témoin négatif (sérum physiologique) et à un témoin positif (histamine). Cette technique est bien supportée : dans une série de 34 905 prick-toprick alimentaires, elle n’a entraîné une réaction systémique que dans 0,008 % des cas (3). Il est parfois indispensable de tester les produits apportés par le patient. Les allergènes en cause sont extrêmement nombreux ; ils peuvent varier au cours de la vie. Des publications récentes mettent en évidence la fréquence des allergènes cachés comme étant la cause d’une urticaire aiguë ou d’une réaction anaphylactique alimentaire. B. Añibarro et coll. (4) ont récemment montré que, dans une série de 530 allergies alimentaires chez des adultes espagnols, la cause était un allergène caché dans 119 cas (22,4 %) et ce, plus particulièrement dans les cas d’anaphylaxie. Les auteurs ont insisté sur la sensibilisation à l’anisakiase dans un grand nombre de cas supposés être des allergies aux poissons. Ils ont aussi souligné la responsabilité de la présence inconnue par le patient de légumineuses (soja, lupin), protéines de l’oeuf (82 % des cas d’allergie à l’oeuf de cette étude s’étaient manifestés par une urticaire lors de l’exposition cachée à ces protéines). Dans cette étude, les fruits et les fruits à coque n’étaient pas les allergènes en cause les plus fréquents. Les auteurs insistaient également sur le fait que, dans un tiers des cas, le patient n’avait pas connaissance de la présence de l’allergène lors de ses manifestations : il s’agissait des arômes, de la moutarde, du miel, du cinnamone, du lupin ou de graines. Devant une suspicion d’urticaire alimentaire, les prick-tests (prickto- prick, solution standardisée) et la recherche d’IgE spécifiques sont utiles. En cas de négativité, ils doivent être complétés par un test de provocation orale à doses progressivement croissantes à l’hôpital versus placebo avec les protéines alimentaires ou les additifs. La valeur prédictive positive et négative des IgE sériques spécifiques et des prick-tests est en cours de détermination (5). Figure 2. Technique du prick-to-prick. Utilisée pour les aliments, elle consiste à « pricker » l’aliment (a), puis à faire immédiatement un prick-test avec la même lancette sur l’avant-bras du patient (b).  Il existe aussi des intolérances alimentaires non IgE-médiées, qui nécessitent des tests de provocation orale pour être mises en évidence. Les tests de provocation orale doivent être réalisés à l’hôpital. Traitement et prévention Si l’allergie alimentaire est prouvée, il est important de débuter un régime d’éviction qui demande une éducation du patient, souvent avec une diététicienne spécialisée, pour lui apprendre à connaître tous les noms sous lesquels l’allergène peut se présenter sur les emballages et à lire les étiquettes. Il faut aussi le prévenir en cas de sensibilisation à un additif alimentaire, que celui-ci peut être retrouvé également dans les médicaments. En cas d’urticaire alimentaire avec signes de gravité, il sera important que le patient possède aussi une trousse d’urgence contenant un anti-H1 de 2e génération, mais également, en fonction de la gravité un corticoïde buvable, voire une seringue d’adrénaline en stylo injecteur. Chez les enfants, s’il y a eu une urticaire alimentaire prouvée, tout particulièrement s’il y a des signes de gravité, il est important d’initier un projet d’accueil individualisé scolaire, dont les caractéristiques peuvent être retrouvées sur le site : http://education.gouv.fr

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