Publié le 05 juil 2007Lecture 3 min
Mélanome : quelques certitudes, beaucoup de polémiques et la résurrection possible de l’interféron
Dr Dominique-Jean Bouilliez
La chirurgie reste la pierre angulaire du traitement des mélanomes de stade I à III mais la largeur des marges d'exérèse à observer continue d’être débattue. De manière plus consensuelle, la chirurgie micrographique de Mohs est de plus en plus souvent proposée pour les mélanomes in situ de la tête et du cou. Quant à la technique du ganglion sentinelle, elle n’aurait d’intérêt en terme d’amélioration du pronostic que pratiquée dans les mélanomes de niveau 3 de Clark (0,76 à 1,50 mm de Breslow). Dans les mélanomes de stade IV, la chirurgie a essentiellement un objectif palliatif.
La radiothérapie est généralement inutile. Cependant, la résistance à la radiothérapie peut être moindre en cas de surexpression d’une enzyme du mélanosome, la DOPAchrome tautomérase (DCT) Quant à la chimiothérapie, son efficacité est également très limitée dans le mélanome métastatique. La dacarbazine (DTIC) obtient un taux de réponse de 20 % environ, de même ordre que celui de la fotémustine ou de l’eldésine. Parmi les alternatives testes, le témozolomide, améliore la survie sans progression, mais malheureusement au prix de nombreuses infections opportunistes. Enfin, on ne peut faire l’impasse du bénéfice du traitement des mélanomes cutanées multiples de petite taille par l’application locale d’imiquimod ou de miltéfosine, ainsi que la prise en charge des lésions supracentimétriques par de la bléomycine incorporée dans les lésions par la technique de l’électroporation. La chimiothérapie sur membre perfusé isolé peut représenter une alternative intéressante dans le traitement des mélanomes en progression loco-régionale sur le membre supérieur ou inférieur. Enfin, l'immunothérapie reste au centre d’un débat continu entre Europe et Etats-Unis, l’interféron alpha-2b étant actuellement le seul traitement adjuvant du mélanome approuvé par le FDA. Mais le taux de réponse global en monothérapie atteint à peine 15 %, avec une toxicité non négligeable. Tout récemment cependant, une étude menée par Alexander Eggermont (photo) et une équipe du EORTC Melanoma Group (EORTC 18991) a montré l’intérêt de l’interféron pégylé-alpha 2b qui, en prolongeant le contact de l’interféron avec les cellules mélanomiques permet un allongement significatif de la survie sans récidive (45,6 % vs 38,9 % à 4 ans) qui passe de 25,5 à 34,8 mois en moyenne. Parallèlement, le taux de survie libre de métastase (DMFS) passe de 45,4 % à 48,2 %, ce qui n’est pas significatif, mais la durée médiane de la DMFS est, elle significativement supérieure, passant de 36,1 à 45,6 mois, sans toutefois d’impact sur la survie. « Ce sont surtout les patients au stade N1 qui bénéficient de ce traitement, conclut Eggermont, avec un profil d’effets secondaires équivalent à celui que l’on rencontre avec l’interféron pégylé alpha 2b dans d’autres études, mais moins marqué qu’avec l’interféron classique. » Enfin, la biochémothérapie, notamment avec l’IL-2, associé ou non au tamoxifène, semble mourir de sa belle mort…
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