Publié le 30 mar 2022Lecture 3 min
Efficacité et tolérance du sécukinumab dans le psoriasis en population pédiatrique
François CHASSET, Service de dermatologie et allergologie, hôpital Tenon, Paris
Moins fréquent qu’en population adulte, le psoriasis touche entre 0,13 et 2,1 % de la population pédiatrique. Il est plus fréquent dans les populations pédiatriques obèses et est associé à de lourdes comorbidités. Par ailleurs, il a un retentissement important en termes de qualité de vie et de troubles psychiatriques en particulier des dépressions, de l’anxiété et des troubles du sommeil.
La prise en charge du psoriasis chez l’enfant est globalement calquée sur celle de l’adulte, même si les molécules qui ont l’AMM sont moins nombreuses. Le traitement fait appel aux traitements locaux et, dans les formes résistantes, aux traitements systémiques non biologiques (rétinoïdes, ciclosporine, méthotrexate) et à la photothérapie. Le calcitriol a une AMM chez l’enfant parmi les analogues de la vitamine D3. Il est important de souligner que la ciclosporine et le méthotrexate ont une AMM uniquement chez l’adulte.
a toxicité de ces traitements limite leur utilisation chez l’enfant. La photothérapie est déconseillée chez l’enfant. Enfin, la prescription de l’acitrétine fait l’objet d’un plan de prévention des grossesses. Les options thérapeutiques sont donc moins importantes que chez l’adulte. En cas d’échec à ces traitements de deuxième intention, les anti-TNF (étanercept et adalimumab) ou les anti-interleukines (l’ustékinumab) sont utilisés. En France, l’étanercept (ENBREL) et l’ustékinumab (STELARA) ont l’AMM dans le psoriasis en plaques chez l’enfant à partir de 6 ans et l’adalimumab (HUMIRA), à partir de 4 ans.
Cette étude rapporte les données du sécukinumab dans un essai ouvert de phase III à la semaine 24 (S24). Il s’agissait d’un essai ouvert, contrôlé, évaluant 2 doses de sécukinumab (faible dose ou forte dose) stratifiées sur le poids, incluant des enfants de 6 à 18 ans avec un psoriasis en plaques modéré à sévère (surface corporelle > 10 %, PASI > 12 et Investigator global assessment [IGA] 3 ou 4). Les doses dans le groupe « faible dose » étaient de 75 mg pour un poids < 25 kg, de 75 mg pour 25-50 kg et de 150 mg pour > 50 kg. Dans le groupe « forte dose », les doses étaient de 75 mg, 150 mg et 300 mg.Le schéma thérapeutique était le même que chez l’adulte, avec une injection sous-cutanée hebdomadaire pendant 1 mois puis toutes les 4 semaines. Le critère de jugement principal était l’efficacité du sécukinumab à S12 évalué par le PASI 75 ou l’obtention d’un score IGA 0-1 versus un placebo historique dans d’autres études.
Les analyses exploratoires incluaient les PASI 75/90/100 ainsi que le score IGA 0-1 à la semaine 24. Au total, 84 enfants ont été randomisés dans l’étude 42 dans chaque groupe « faible dose » et « forte dose », avec un âge moyen de 12,6 ans dont 60 % avaient entre 12 et 18 ans. L’IMC moyen était de 21,9, le PASI moyen de 18,9 et la surface corporelle de 29,9 %. À la semaine 12, le score PASI 75 était atteint dans 92,9 % dans les 2 groupes, et l’IGA 0/1 dans 78,6 % du groupe « faible dose » contre 83,3 % du groupe « forte dose ».
Le sécukinumab était supérieur au placebo historique dans tous les groupes. Il existait une persistance de l’amélioration du PASI avec une amélioration de 96,4 % par rapport au début du traitement dans le groupe « faible dose » et de 96,6 % dans le groupe « forte dose ». La tolérance du sécukinumab à la semaine 24 était similaire à celle des données habituelles avec 57 % d’effets indésirables dans chaque groupe la plupart du temps. Une suspicion de maladie de Crohn a été infirmée, et un seul effet indésirable a été signalé dans le groupe « faible dose » (mononucléose infectieuse).
Au total, malgré l’absence de groupe contrôle direct, cette étude confirme l’efficacité et la bonne tolérance du sécukinumab dans le psoriasis en plaques modéré à sévère en population pédiatrique. Le sécukinumab a obtenu en France en 2021 un remboursement à partir de l’âge de 6 ans dans le psoriasis sévère résistant ou avec altération profonde de la qualité de vie.
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