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Dermatite atopique, Eczéma

Publié le 25 nov 2023Lecture 4 min

Microbiote intestinal et atopie : état des lieux des connaissances

Catherine FABER, D’après la conférence de N. Achamrah, INSERM UMR 1073

La mise en évidence d’un axe de communication entre l’intestin et le cerveau, mais aussi le poumon et la peau permet de mieux comprendre le rôle du microbiote intestinal dans le développement de nombreuses pathologies, dont les maladies atopiques.

En termes de densité bactérienne, le microbiote cutané est le troisième microbiote après les microbiotes oral et intestinal (MI). Sa particularité est la variabilité de sa composition entre les zones cutanées séborrhéiques, humides et sèches(1). Pour sa part, le MI est composé de cinq grandes familles de bactéries : les Firmicutes, qui produisent des acides gras à chaîne courte (AGCC) comme le butyrate, les Bacteroidetes, les Actinobacteria, dont sont issues certaines souches de probiotiques connus, les Proteobacteria et les Verrucomicrobia. Le MI varie avec l’âge et même au cours de la journée, et est influencé tout au long de la vie par différents facteurs environnementaux(2), en particulier par l’alimentation. Des auteurs ont par exemple retrouvé nettement plus de Bacteroidetes et moins de Firmicutes dans le MI d’enfants du Burkina Faso, dont le régime est riche en fibres et pauvre en graisse et protéines animales, que dans celui d’enfants européens qui ont une alimentation riche en sucres, en protéines animales et pauvre en fibres(3). Du fait de ses nombreuses fonctions métaboliques, barrière, immune et de protection, le MI joue un rôle très important dans l’homéostasie générale. De très nombreuses publications sont consacrées au lien entre le microbiome et des pathologies telles que l’obésité, le diabète, l’endométriose, la maladie de Parkinson, le syndrome de l’intestin irritable, l’autisme… On passe ainsi du paradigme d’une maladie infectieuse/une bactérie pathogène à celui d’une maladie non infectieuse se rapportant à une communauté de bactéries. Avec ce nouveau paradigme en microbiologie, la réalisation des expérimentations sur ces bactéries et l’établissement des liens de causalité sont beaucoup plus difficiles. Il faut aussi savoir que le MI est résilient, c’est-à-dire qu’après altération de sa composition, il a tendance à revenir à son état initial. IMPACT DE LA DYSBIOSE INTESTINALE   En cas de dysbiose intestinale, certains antigènes traversent la barrière intestinale et sont présentés aux lymphocytes Th2 et B qui induisent des réponses inflammatoires au niveau des sites effecteurs via le recrutement d’éosinophiles et de basophiles, et la production d’immunoglobulines E et d’histamine(4). Plusieurs études con cernent la DA. L’une d’entre elles, menée sur des enfants de 6 mois, a montré que la sévérité de la maladie est inversement corrélée à la diversité du MI et à l’abondance des bactéries productrices de butyrate(5). Chez les bébés avec DA modérée, la diminution des valeurs du SCORAD après 3 mois de traitement était associée à une augmentation de la diversité du microbiote et de ces bactéries. Des différences de la composition du MI entre les patients atteints de DA, de rhinite allergique et d’urticaire ont été observées dans une autre étude(6). D’après une récente revue de la littérature sur « l’axe intestin-poumon-peau », dans les maladies atopiques, le MI pourrait être le point de départ(7). Des études supplémentaires sur des cohortes plus larges sont toutefois nécessaires pour le prouver. La recherche transversale avance mais actuellement aucun régime strict ne doit être prescrit à vos patients atopiques au risque de créer des carences et des troubles du comportement alimentaire.   QUELLE PRISE EN CHARGE ?   Les risques de développement d’une maladie atopique et d’altération de la composition du MI sont influencés par un certain nombre de facteurs communs comme la naissance par césarienne, l’antibioprophylaxie précoce, l’alimentation de type occidental ou encore l’obésité(8,9). Par conséquent, les patients doivent bénéficier d’une prise en charge globale et multimodale, ciblant les facteurs impliqués dans le déséquilibre du microbiome, qui sont également associés aux pathologies cutanées(10). On peut tenter de manipuler le MI par l’apport de nutriments (prébiotiques), de bactéries spécifiques (probiotiques) ou d’une communauté de bactéries (transplantation du microbiote fécal). Les résultats des études ac tuelles sur les prébiotiques, les probiotiques et l’atopie sont discordants. Certaines montrent que les probiotiques ont des effets bénéfiques alors que d’autres concluent qu’il n’y a aucun intérêt à apporter des probiotiques. Malgré l’absence de preuves formelles de l’efficacité de la supplémentation en probiotiques sur la réduction du risque de développement d’une allergie chez les enfants, la World Allergy Organization (WAO) a émis des recommandations spécifiques(11). Elle propose d’en donner aux femmes enceintes ou allaitantes pour prévenir la DA. Chaque individu ayant un MI qui lui est propre, il n’est pas logique de donner à tous le même probiotique à la même concentration. On va donc vers une médecine de précision fondée sur la cartographie du MI du patient(12). Cette stratégie thérapeutique fait actuellement l’objet d’études précliniques. Rappelons cependant qu'aucun régime alimentaire n'est à ce jour recommandé chez les patients atopiques ou à risque de l'être. D’après la conférence de N. Achamrah, INSERM UMR 1073 « Nutrition, Inflammation et axe microbiote-intestin-cerveau », Rouen. 44e cours du GERDA, 29 septembre 2023.

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