Publié le 30 mai 2024Lecture 3 min
L’irritation cutanée, une pathologie très fréquente
Catherine FABER, d’après la communication du Dr Jean-François Nicolas du CHU Lyon-Sud (Pierre-Bénite)
L’irritation cutanée est aussi désignée sous plusieurs autres noms parmi lesquels ceux de « dermatite » ou « eczéma de contact », et de « dermatite irritante » ou « irritative ». Dans 90 % des cas, les dermatites de contact sont d’origine irritative.
L'irritation cutanée est une inflammation cutanée. Elle met en jeu l’immunité innée et correspond à une hypersensibilité retardée non allergique. Ses manifestations cliniques sont celles de l’eczéma : érythème, papules, vésicules, crevasses, épaississement cutané, xérose, prurit, sensations de brûlure, de douleur. Elle peut être aiguë ou chronique, spontanée ou provoquée. L’irritation cutanée survient spontanément chez des sujets dont la peau « sensible », « irritable » avec des sensations de tiraillement cutané, ou qui sont atteints d’une dermatose favorisant l’irritation (rosacée, dermite séborrhéique, dermatite atopique…). Ce phénomène de peau sensible et irritable est reconnu puisqu’il est pris en compte dans la réalisation et l’interprétation des tests cutanés. L’irritation provoquée est principalement liée à l’exposome cutané.
De nombreuses molécules peuvent induire une irritation cutanée, surtout chez les sujets à peau sensible. Elles incluent, entre autres, les substances chimiques, les polluants, les toxiques, les microorganismes et leurs produits, les allergènes (haptènes, trophallergènes, pneumallergènes), les radiations, dont les UV. Leur pénétration dans la couche cornée entraîne une activation de l’immunité innée épidermique, en particulier des kératinocytes, déclenchant ainsi une cascade inflammatoire avec la production de chimiokines et de cytokines. L’IL-1β est la cytokine clé de l’irritation cutanée. Les produits chimiques non organiques sont les principaux agents pro-inflammatoires à l’origine d’eczémas irritatifs. Tous les produits chimiques commercialisés sont potentiellement irritants, mais seule une minorité d’entre eux a des propriétés allergisantes (moins de 3000 sur plus de 100000 produits). Ces haptènes peuvent modifier les protéines épidermiques et induire une réponse immunitaire adaptative à l’origine de l’eczéma allergique(1). Les chimiques allergènes cutanés sont aussi des irritants. On retrouve deux agents irritants bien connus, le laurylsulfate de sodium (LSS) et le dodécylsulfate sodium (SDS), dans des produits d’hygiène comme les shampooings, la mousse à raser, les dentifrices, et dans des produits détergents notamment les nettoyants pour vitres et sols, et les lessives.
L’IRRITATION FAIT LE LIT DE L’ALLERGIE CUTANÉE
Une étude a révélé que les eczémas allergiques et irritatifs ont des signatures moléculaires cutanées distinctes(2). Ses auteurs ont analysé les biopsies cutanées des zones de patch-tests positifs réalisés avec des allergènes ou des irritants chez 47 patients atteints d’eczéma de contact, et identifié des biomarqueurs permettant de différencier les réponses induites par les allergènes de celles induites par les irritants.Un modèle d’étude d’hypersensibilisation de contact primaire (le PACS, Primary Allergic Contact Sensitivity) a été développé pour examiner le lien entre l’irritation et l’allergie cutanées. Les résultats des travaux avec ce modèle de souris montrent, d’une part, que des lésions eczémateuses peuvent se développer après une seule exposition à des haptènes et, d’autre part, que l’irritation cutanée de contact induite par les haptènes conditionne le développement et la sévérité de l’eczéma de contact allergique(3,4). La prévention de l’irritation cutanée apparaît donc comme la meilleure stratégie pour prévenir l’eczéma de contact.
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