Publié le 01 juin 2021Lecture 2 min
Efficacité du tacrolimus topique 0,1 % dans le traitement du vitiligo du visage : résultat d’un essai contrôlé randomisé
FRANÇOIS CHASSET, Hôpital Tenon, Paris
Le vitiligo est une maladie auto-immune caractérisée par une perte des mélanocytes de l’épiderme et donc par une dépigmentation de la peau. Au plan physiopathologique, le vitiligo se distingue par une infiltration cutanée de lymphocytes CD8+ produisant de forts taux d’interféron gamma et de TNF-alpha.
Le vitiligo est une maladie relativement fréquente puisqu’elle concerne entre 0,5 et 1 % de la population. Elle s’associe à un retentissement important sur la qualité de vie, en particulier quand elle touche des zones visibles, comme le visage. Les inhibiteurs de la calcineurine topique – notamment le tacrolimus topique – sont couramment utilisés hors AMM dans le traitement du vitiligo. D’après une revue récente ayant évalué l’efficacité des inhibiteurs de la calcineurine, seuls ou en association avec les UVB, ces traitements semblaient plus efficaces sur le vitiligo du visage. Néanmoins, il n’existe pas d’essai contrôlé, randomisé contre placebo confirmant la supériorité du tacrolimus topique dans le vitiligo.
Dans cette étude, des patients avec un vitiligo non segmentaire du visage ont été randomisés pour recevoir du tacrolimus topique ou un placebo avec deux applications par jour. Le critère de jugement principal était le succès thérapeutique défini comme une repigmentation des lésions cibles ≥ 75 % à la semaine 24. Les critères de jugements secondaires incluaient le physician global assesment et la satisfaction des patients ainsi que la tolérance des traitements.
Au total, 44 patients ont été éligibles et 42 ont été randomisés, 20 dans le groupe tacrolimus topique et 22 dans le groupe placebo. La proportion d’hommes et de femmes était globalement similaire et l’âge moyen de 47 ans. Le vitiligo évoluait en moyenne depuis dix ans à l’inclusion. À la semaine 24, le taux de succès était de 65 % dans le groupe tacrolimus topique contre 0 % dans le groupe placebo p < 0,0001. La taille moyenne de la zone dépigmentée diminuait de 21,9 cm2 à 5,5 cm2 dans le groupe tacrolimus (p = 0,0003) alors qu’elle restait stable dans le groupe placebo. L’évaluation par le PGA et la satisfaction des patients étaient également meilleures dans le groupe tacrolimus topique. Dans une phase de suivi de vingt-quatre mois, 4 patients sur 10 (40 %) ont eu une rechute définie par une dépigmentation de 25 % à l’arrêt du traitement. Le taux d’effet indésirable était similaire entre le tacrolimus et le placebo (55 % chacun) avec en particulier un taux de brûlure cutanée analogue entre les deux groupes (15 % chacun).
Au total, cette étude démontre la supériorité du tacrolimus topique 0,1 % à raison de deux applications par jour dans le trai- tement du vitiligo facial non segmentaire par rapport au placebo, avec un taux de réponse de 65 %. Il est important de signaler un taux de rechute non négligeable sous-entendant l’intérêt d’un traitement d’entretien. Bien que l’effectif de cette étude soit relativement réduit, cette étude suggère l’utilisation en pratique courante de ce traitement dans le vitiligo facial.
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