Publié le 26 jan 2006Lecture 2 min
10e Conférence nationale des plaies et cicatrisations. De l'oxygène pour mieux cicatriser
Dr Isabelle Birden
CNPC - Paris. L'oxygénothérapie hyperbare (OHB) consiste à faire inhaler au patient de l'oxygène pur à une pression ambiante supérieure à la pression atmosphérique habituelle. Cette technique permet d'augmenter le contenu sanguin en oxygène. Rappelons que l'oxygène transporté dans le sang est soit sous forme d'oxyhémoglobine (qui transporte à saturation complète 20 ml d'oxygène pour 100 ml de sang), soit dissous dans le plasma (environ 0,28 ml d'oxygène pour 100 ml de sang). Le taux d'oxygène dissous dans le plasma est directement proportionnel à la pression et augmente ainsi fortement sous OHB.
L'hyperoxie améliore les processus de cicatrisation de plusieurs façons. Tout d'abord, elle permet d'augmenter la quantité d'oxygène délivrée « in situ » dans des zones mal vascularisées, sièges de troubles de la microcirculation locales par exemple (diabète, traumatisme...). Ensuite, elle a une action anti-infectieuse contre les anaérobies mais aussi contre les aérobies en améliorant le pouvoir phagocytaire des polynucléaires. Par ailleurs, ses effets rhéologiques et vasoconstricteurs facilitent respectivement la redistribution d'oxygène dans les zones lésées et la circulation distale des hématies. Enfin, l'OHB aide à la cicatrisation en stimulant l'angiogenèse, la prolifération des fibroblastes et la synthèse de collagène. Cette technique, connue en fait depuis l'antiquité, a commencé à vraiment se développer en France en 1960 et les indications de l'oxygénothérapie hyperbare ont été précisées pour la première fois en 1994 lors de la première conférence européenne de consensus sur la médecine hyperbare. Certaines indications découlent de l'augmentation de pression (accidents de décompression et embolie gazeuse), d'autres de l'effet hyperoxique qui permet une meilleure oxygénation des tissus. En particulier, l'OHB est indiquée dans la prise en charge des plaies aiguës traumatiques, des plaies chirurgicales, des plaies chroniques (artériopathies stade IV, ulcères et pied diabétique, ostéoradionécrose) et des plaies infectieuses telles une gangrène gazeuse ou une fasciite nécrosante. L'OHB doit bien entendu être réalisée dans le cadre d'une prise en charge pluridisciplinaire et notamment médicochirurgicale (équilibre du diabète, traitements antiinfectieux, nécrosectomies, débridements itératifs...). Les contre-indications sont elles aussi bien codifiées et sont principalement pulmonaires (asthme, pneumothorax, oedème pulmonaire lésionnel), cardiaques, ORL (dysfonctionnement de la trompe d'eustache ou sinusite), neurologiques (syndrome convulsif) ou encore psychologique (claustrophobie). Les séances consistent à respirer à travers un masque facial de l'oxygène pur à une pression de 2,5 ATA (Atmosphère Absolue) alors que la pression atmosphérique au niveau de la mer est de 1 ATA. Une séance dure au total en général 90 minutes. Une vingtaine de centres sont actuellement répartis sur toute la France. L'utilisation de cette technique dans le traitement des plaies devrait permettre de faire des économies substantielles car elle ne nécessite pas d'hospitalisation. Des études randomisées multicentriques sont en cours afin d'évaluer l'impact médico-économique de ce type de traitement.
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