Publié le 10 mai 2010Lecture 3 min
Chéilite allergique : rouge à lèvres ou dentifrice souvent en cause
Dr Roseline Péluchon
Une dermatite allergique nécessite toujours une exploration approfondie, quelle que soit sa localisation. La chéilite allergique n’échappe pas à cette règle, bien que par définition elle ne touche que la zone très limitée des lèvres.
Des lésions chroniques sèches, squameuses et fissuraires, doivent faire évoquer ce diagnostic. Elles débordent parfois un peu du contour des lèvres et sont alors associées à un eczéma péri-buccal, ou accompagnées d’une stomatite ou d’une perlèche. La topographie des lésions peut être une aide précieuse au clinicien pour établir le diagnostic étiologique. Les produits cosmétiques ou d’hygiène sont les principaux responsables des chéilites allergiques. Les rouges à lèvres notamment, qui contiennent de nombreux composants allergisants, sont très fortement impliqués. Ils se testent tels quels, en patch tests. L’un des composants allergisants des rouges à lèvres, la colophane, mérite une mention particulière car elle est souvent remplacée par la colophane modifiée pour laquelle le patch test à la colophane de la batterie standard donnera un résultat négatif. Les dentifrices eux aussi comportent de nombreuses substances potentiellement allergisantes et la chéilite peut être dans ce cas associée à une glossite, une stomatite ou une dermatite péri-orale. Ils pourront être testés tels quels ou dilués pour éviter les risques d’irritation. Les allergènes les plus souvent en cause sont les dérivés mentholés ou le cinnamaldéhyde, et les batteries standard sont là aussi dans l’incapacité de les détecter. Les vernis ou les résines pour les ongles sont parfois à l’origine d’une allergie manuportée. Le patient qui présente une chéilite liée à un instrument de musique a très souvent fait son diagnostic avant la consultation. Les métaux composant l’instrument en cause sont généralement responsables et notamment le nickel. Il faut toutefois garder à l’esprit que la chéilite d’irritation est dans ce cas plus fréquente que la chéilite allergique. Les topiques médicamenteux sont rarement impliqués, quant aux prothèses et amalgames dentaires, s’ils sont souvent accusés par les patients, les données scientifiques sont en réalité très contradictoires et ce diagnostic nécessite donc une grande prudence. L’ail, le bétel, la moutarde, la carotte, la noisette et même l’huile d’olive ont pu être incriminés dans des chéilites d’origine alimentaire, mais le diagnostic est parfois difficile à affirmer avec certitude. L’enquête étiologique sera conduite de manière assez systématique, par la réalisation de patch-tests en utilisant la batterie standard européenne. Comme on l’a vu, celle-ci n’est pas toujours suffisante et devra être complétée par des patch-tests avec les produits utilisés par le patient ou au besoin les ROAT tests ou tests d’usage. En cas de positivité l’on aura recours à des batteries additionnelles, telle la « batterie-dentifrices » ou la « batterie-rouges à lèvres » après avoir, le cas échéant, obtenu du fabricant la composition précise du produit en cause. Si un allergène alimentaire est suspecté il sera plus judicieux d’avoir recours aux prick-tests à lecture retardée. Au total, si le diagnostic de chéilite allergique ne semble pas au premier abord présenter de difficultés, la complexité de composition des produits les plus souvent en cause rend toutefois l’enquête étiologique souvent laborieuse et le patient et le praticien devront s’armer de patience.
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