Publié le 06 aoû 2006Lecture 2 min
Intolérance à l’aspirine : quelle est la place de la désensibilisation ?
Dr Geneviève Démonet
Vienne, 13 juin 2006. La prévalence de la sensibilité à l’aspirine chez les asthmatiques varie de 5 à 24 % selon les pays, l’asthme étant particulièrement sévère chez les patients associant polypose naso-sinusienne (PNS) et intolérance à l’aspirine. Le mécanisme de l’intolérance à l’aspirine n’est pas directement immunologique mais en relation avec une inhibition des prostaglandines.
Une désensibilisation à l’aspirine a été proposée dès 1922 par Fernand Widal après qu’il eut décrit le syndrome. Une dizaine d’études ont montré depuis l’efficacité de la désensibilisation mais une seule d’entre elles a été menée contre placebo avec des durées de traitement (2 semaines à 6 ans) et des posologies (325 à 2600mg) très variables. Selon Kowalski (Belgique) qui faisait le point sur la question, les cas de 408 patients désensibilisés ont été rapportés dans la littérature. L’asthme a été amélioré chez 58 % d’entre eux, la rhino-sinusite chez 64 % la rhino-sinusite ou l’asthme chez 87 %. Mais malgré ces relativement bons résultats, il faut être conscient que les effets secondaires peuvent être importants : 59 % de symptômes gastriques, 12 % d’urticaire, 8 % d’hémorragies gastriques, 6 % d’aggravation de la rhinite ou de l’asthme, 2 % de rash cutané…. Les protocoles habituels doublent la dose tous les 2 ou 3 jours avec répétition de la même posologie lorsque une réaction apparaît. Des protocoles lents sur 5 à 10 jours sont aussi possibles avec une augmentation de 10 à 20 mg par jour en l’absence de provocation de réaction. Une fois le résultat obtenu, il faut maintenir ensuite une prise quotidienne. L’indication d’une telle désensibilisation à l’aspirine est à poser en cas de polypose agressive, de patients ne répondant pas à une prise en charge optimum ou subissant des effets secondaires de la corticothérapie, de même que chez des patients ayant une pathologie « imposant » la prise d’aspirine. Il faut enfin signaler qu’une désensibilisation à l’aspirine dans le simple but d’améliorer un asthme semble être une pratique fréquente aux Etats-Unis mais l’est beaucoup moins en Europe, sans doute en raison de la fréquence des effets secondaires.
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