Publié le 23 fév 2009Lecture 4 min
Le traitement des cicatrices par LED
F. MICHEL, Thiers
Quasi absente des cabinets de dermatologie, la LED est pourtant un outil fort utile en raison de son potentiel réparateur et remodelant. De plus, son inocuité totale permet d’ouvrir les indications.
Qu’est-ce que la photomodulation LED ? La photomodulation LED (light emitting diode) repose sur l’utilisation des propriétés biologiques d’une couleur émise par une diode électroluminescente qui éclaire sans chauffer. Les effets réparateurs des infrarouges sont connus depuis les années 60. La lumière rouge (autour de 630 nm) ou jaune (590 nm) possède elle aussi des propriétés remodelantes et anti-inflammatoires proches de celles des IR, qui ont été démontrées par des études fondamentales et des essais cliniques. La LED est une technique totalement indolore et dénuée d’effets agressifs ou irritants. Études fondamentales En 1998, puis 2004-2005, L. Dubertret et coll. (1) ont montré que les infrarouges ont un effet réparateur sur les fibroblastes lésés par les UV, par leur action sur la protéine P53 dans les mitochondries. Cet effet intracellulaire a par la suite également été retrouvé en utilisant des LED en lumière jaune ou rouge. D’autres études avec la LED ont montré un effet antioxydant et une amélioration de l’immunité. Ces propriétés correspondent schématiquement à son effet réparateur anti-inflammatoire. D’autres études ont retrouvé une augmentation de la production de collagène par des fibroblastes en culture soumis à la lumière, témoignant d’un effet remodelant de la LED. La LED a un double potentiel, réparateur anti-inflammatoire et remodelant. Figure 1. Homme jeune : cicatrices d’un grave traumatisme cranio-facial datant de 6 mois avec acné et cicatrices d’acné (a) ; résultat 6 semaines après la première séance (b)*. Études cliniques Des études cliniques ont observé une accélération de la cicatrisation après brûlure thermique. Plus spectaculaires ont été les travaux de D.H. MacDaniell et coll.(2) puis de D. Barolet et coll. (3) qui ont mis en évidence un effet lissant et antirides de la LED (590 nm) en mode pulsé. Une amélioration des signes de photovieillissement était notée chez 90 % des des sujets, mais avec d’importantes variations individuelle (bons et mauvais répondeurs classiquement rencontrés en matière de remodelage). Enfin et plus récemment, M.M. Deland et coll.(3) ont réalisé une intéressante étude montrant une quasi-absence de radio-épithélite post-radiothérapique chez des patientes traitées pour cancer du sein et préalablement traitées par LED. Figure 2. Femme jeune maghrébine (psychisme très fragile) : grattage pathologique du visage (a) ; résultat 6 semaines après la première séance (b) : les lésions traitées sont nettement améliorées mais d’autres sont apparues*. Traitement des cicatrices Concernant les cicatrices, très peu d’études ont été jusque-là menées par les constructeurs de LED. Une étude a évalué l’efficacité d’une LED émettant en 625 et 940 nm dans cette indication. Le recrutement le plus important était constitué de patients ayant des cicatrices d’acné. L’intérêt de la LED dans le traitement des cicatrices est liée à son double effet biologique. L’action anti-inflammatoire devrait permettre de traiter des lésions évolutives (acnéiques, par exemple) et d’améliorer les cicatrices érythémateuses et les pigmentations post-inflammatoires. Son action remodelante ne peut certes rivaliser avec celle des techniques invasives, mais un effet de lissage est observé dans presque tous les cas, discret ou spectaculaire selon les patients. Les meilleurs résultats sont en général obtenus sur des lésions récentes, donc plutôt encore à un stade inflammatoire qu’au stade fibrose avérée. Figure 3. Cicatrice de brûlure profonde du genou datant de 1 an (a). Résultat 5 mois plus tard après 3 séances de LED (b). D’heureuses surprises ont toutefois été constatées sur des cicatrices anciennes. Autre avantage, l’absence totale de chaleur émise par la LED permet de traiter tous les phototypes ainsi que des sujets psychiquement fragiles. De plus, l’effet sur les pigmentations postinflammatoires peut rivaliser avec celui d’un peeling glycolique. Le nombre de séances nécessaires (3 à 8) dépend de l’appareil utilisé ; l’expérience montre que les résultats sont le plus souvent visibles dès la première séance. La LED n’est limitée ni par le phototype, ni par la fragilité cutanée, ni par l’état psychique, ni par les autres traitements en cours. La simplicité, l’innocuité et le coût du geste (prix d’achat modéré et aucun consommable) permettent d’envisager d’élargir considérablement les indications de la LED.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :