Publié le 25 sep 2023Lecture 2 min
Nanoparticules dans les produits de protection solaire : un avenir incertain
Vincent BARGOIN, d’après la communication du Dr Christine Lafforgue (dermopharmacologie et cosmétologie, faculté de pharmacie, université de Paris-Saclay), lors des 20es Journées nationales de la société française de photodermatologie, Rennes, 2023
Présents sous la forme de nanoparticules dans les produits solaires, l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane sont des filtres solaires efficaces mais qui soulèvent des questions de toxicité, et de coût.
L'utilisation comme filtre, dans les produits de protection solaire (PPS), de nanoparticules d’oxyde de zinc (ZnO) et de dioxyde de titane (TiO2) continue de soulever des interrogations. L’intérêt de ces nanoparticules tient à leur surface spécifique – c’est-à-dire rapportée au volume – très importante. Elle est de l’ordre de 40 m2/cm3 pour les microparticules de ZnO, ce qui « permet de réfléchir la lumière dans toutes les directions de façon homogène », explique le Dr Christine Lafforgue (université de Paris-Saclay).
Ces formes permettraient de réduire la quantité de filtre utilisée, ajoute le Dr Lafforgue, mais aussi de diminuer l’effet « clown blanc » et d’améliorer la résistance à l’eau. Quant aux doutes sur la pénétration percutanée et le passage systémique, ils sont en partie levés, puisque la majorité des nanoparticules sont éliminées par les flux de sébum et de sueur, et la desquamation. « À condition que la peau soit saine, précise cependant le Dr Lafforgue, car sur peau lésée le produit peut descendre jusqu’à la jonction dermo-épidermique. »
S’agissant donc de la santé humaine, le principal risque invoqué est l’inhalation. « Cela concerne les personnes qui fabriquent le produit et manipulent les sacs de nanoparticules. Le ZnO est d’ailleurs classé cancérogène par inhalation », rappelle le Dr Lafforgue. Concernant l’environnement, « beaucoup d’éléments vont dans le sens d’une toxicité, même si l’on sait maintenant que le blanchissement des coraux est avant tout dû au réchauffement des océans». Par ailleurs, l’accumulation de nanoparticules dans les sédiments des lacs et des eaux de baignade se confirme, de même que la toxicité de taux élevés de zinc pour l’embryogenèse du poisson-zèbre. Le Dr Lafforgue indique qu’il s’agit du zinc et non de la forme nanoparticule en elle-même.
Dernière ombre au tableau, les coûts élevés qui n’incitent pas les industriels à développer cette technologie qui n’est actuellement autorisée dans les PPS ni par les États-Unis, ni par la Chine, ni par le Japon.
Pour le Dr Lafforgue, l’avenir serait davantage à des filtres chimiques, qui pourraient se présenter sous la forme de nanoparticules, mais dont le poids moléculaire élevé limite le risque d’absorption percutanée. L’impact environnemental de ces nouveaux filtres pourrait également être moindre, mais il ne s’agit à ce stade que de suppositions.
Au demeurant, le Dr Lafforgue regrette qu’« il n’existe actuellement aucune norme ou label officiel permettant de revendiquer un faible impact environnemental ».
Le Dr Lafforgue n’a pas déclaré de lien d’intérêt.
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