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Cancérologie

Publié le 30 mai 2024Lecture 2 min

Maladie de Bowen - Le 5-FU topique défie la chirurgie

François CHASSET, service de dermatologie et allergologie, hôpital Tenon, Paris

L'incidence du carcinome épidermoïde (CE) est en augmentation en particulier dans sa forme précoce, celle de la maladie de Bowen qui a atteint une incidence de 14,9-27,8 pour 100 000 en Amérique du Nord.

La maladie de Bowen est un CE in situ qui peut progresser vers un CE invasif. Plusieurs options thérapeutiques existent, comme la chirurgie, la photothérapie dynamique (PDT) et les traitements topiques par 5-FU. Le problème de la chirurgie, qui nécessite classiquement des marges de 5 mm, est d’entraîner des cicatrices qui sont souvent difficiles à accepter par les patients. Plusieurs études ont comparé les différentes techniques du traitement de la maladie de Bowen, notamment une revue Cochrane de 9 études incluant différentes marges chirurgicales et des traitements non invasifs. L’objectif de cette étude était de comparer la chirurgie avec la PDT et le 5-FU topique dans le traitement de la maladie de Bowen. Il s’agissait d’une étude de non-infériorité, réalisée dans 4 hôpitaux des Pays-Bas, incluant des patients > 18 ans présentant une maladie de Bowen confirmée histologiquement, avec lésion dont la taille est comprise entre 4 et 40 mm. Les patients avec une maladie de Bowen du nez, des oreilles et autour des oreilles étaient exclus de même que ceux incapables d’appliquer un topique. Les patients étaient randomisés pour être traités par chirurgie avec 5 mm de marge versus un traitement 5-FU topique matin et soir pendant 4 semaines ou 2 sessions de PDT à 15 jours d’intervalle. Il s’agissait d’un essai de non-infériorité avec une marge inférieure de 22 %.   Entre mai 2019 et janvier 2021, 486 patients ont été évalués pour éligibilité, et 250 patients ont été randomisés. L’analyse a été effectuée en intention de traiter modifiées. La proportion de patients avec une rémission complète était de 97,4 % (75/77) après la chirurgie, de 85,7 % (66/77) après le 5-FU topique et de 82,1 % (64/78) après la PDT. Les différences absolues étaient de − 11,7 % (IC 95 % : −18,9 à − 4,5; p = 0,0049) pour le 5-fluorouracile par rapport à l’excision et de − 15,4 % (IC 95 % : − 23,1 à − 7,6; p = 0,00078) pour la PDT par rapport à l’excision, c’est-à-dire incluant la marge inférieure de non-infériorité. Les deux traitements non invasifs conduisaient statistiquement plus souvent à un résultat cosmétique bon ou excellent (82 % pour le 5FU et 85 % pour la PDT), meilleur que la chirurgie(53%). Les effets indésirables restaient classiques par rapport aux traitements reçus, à savoir plus d’érythèmes ou d’érosions pour les traitements topiques et davantage de brûlures et de douleurs pour la PDT. En conclusion, en fonction de la marge prédéfinie de non-infériorité de 22 %, le 5-FU est non inférieur à la chirurgie et associé plus souvent à de meilleurs résultats cosmétiques. Pour la MAL-PDT, la non-infériorité par rapport à l’excision ne peut pas être conclue. Par conséquent, le 5-FUtopique pourrait être préféré à la chirurgie et à la PDT dans le traitement de la maladie de Bowen. Le choix des traitements reste bien sûr à considérer de façon individuelle et les critères d’exclusion de cette étude sont à considérer : exclusion des zones péri-orificielles, exclusion des lésions de plus de 4 cm.

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