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Cosmétologie, Esthétique

Publié le 30 mai 2024Lecture 4 min

Les protéines végétales dans les produits cosmétiques

Catherine FABER, d’après la communication de Christine Lafforgue, universités Paris-Saclay et Québec-Chicoutimi

Dans le contexte actuel marqué par une préoccupation sociale croissante pour l’environnement et le désir d’un mode de vie naturel, les formulations à base de protéines sont considérées comme une solution exceptionnelle au développement de cosmétiques écoresponsables. La question est de savoir comment limiter les réactions cutanées à ces protéines.

En cosmétique, toutes les molécules non interdites (1 730) ou réglementées (374 restreintes en concentration et/ou en usage) sont autorisées. Par conséquent, de très nombreux ingrédients et substances, tous potentiellement végétaux, sont utilisables dans la formulation des produits cosmétiques. La consultation de la base de données des ingrédients cosmétiques* permet de connaître les types de protéines retrouvées dans ces produits. La recherche avec le mot « protein » donne 901 résultats, parmi lesquels des peptides largement utilisés comme actifs anti-âge. Les ingrédients répertoriés sont majoritairement des hydrolysats de protéines. Les simples hydrolysats sont de moins en moins utilisés au profit des hydrolysats fonctionnels. Ces derniers sont obtenus par la combinaison de l’hydrolysat protéique et, par exemple, d’une fonction quaternaire. En cas de réaction cutanée, il peut alors être difficile de déterminer si la cause est la protéine ou l’ammonium quaternaire. Les hydrolysats peuvent aussi être associés à d’autres molécules comme des gélifiants pour former un polymère. Les hydrolysats de protéines font l’objet de deux restrictions réglementaires. Dans les hydrolysats de protéines de blé, la masse moléculaire moyenne des peptides est limitée à 3,5 kDa. Concernant l’huile d’arachide, la réglementation considère que la concentration maximale de protéines d’arachide doit être inférieure à 0,5 ppm pour éviter la sensibilisation. C’est actuellement le seul ingrédient pour lequel il est obligatoire de vérifier le taux de protéines.   POURQUOI UTILISER DES HYDROLYSATS DE PROTÉINES ?   Avec le développement de la chimie verte, les hydrolysats de protéines suscitent un intérêt croissant. La stabilisation des émulsions est la première raison pour laquelle ils sont incorporés dans les produits cosmétiques. Des protéines végétales, principalement de soja, de pois, de pomme de terre et de lupin, sont utilisées pour la formation d’émulsions multicouches stables. Par ailleurs, 97 % des protéines végétales sont potentiellement amphiphiles, c’est-à-dire à la fois hydrophiles et lipophiles, ce qui est essentiel en cosmétique. Grâce à ces propriétés, elles vont pouvoir pénétrer par les lipides intercornéocytaires entre les cellules de la couche cornée et descendre dans les couches un peu plus profondes de l’épiderme, au moins jusqu’au niveau du stratum spinosum. On sait que cette couche cutanée contient des cellules immuno-compétentes. Une autre raison d’utiliser des hydrolysats de protéines à la place des protéines présentes dans les cométiques dans les années 1980-1990 est leur plus grande capacité à pénétrer dans les structures cutanées. Les exemples suivants illustrent les activités cosmétiques des hydrolysats de protéines. Étant donné leur richesse en tyrosine, enzyme clé dans la mélanogenèse, les protéines de riz hydrolysées sont largement utilisées dans les produits après-solaire. L’idée est d’entretenir l’activité tyrosinase et espérer ainsi prolonger le bronzage. Les hydrolysats de protéines de blé ont un effet réparateur et structurant. Les hydrolysats de kératine, issus de l’hydrolyse des protéines de laine de mouton, protègent la fibre capillaire. À noter que certains produits de lissage à la kératine contiennent du formaldéhyde. Il existe d’ailleurs une législation particulière pour leur usage dans les salons de coiffure. Quant aux hydrolysats de protéines de soie, ils améliorent la compatibilité des formulations cutanées et augmentent la luminosité de la peau. Cependant, comme la propolis ou le miel, la difficulté de connaître leur origine végétale ou animale pose problème. Selon l’origine, il est en effet nécessaire, soit d’avoir un certificat prouvant l’absence de risque d’encéphalopathie spongiforme bovine, soit de prouver l’absence d’OGM. Les hydrolysats de protéines naturelles sont également intéressants pour leur activité adoucissante résultant d’une réduction de l’agressivité des tensioactifs primaires des produits lavants. Le passage percutané des protéines et hydrolysats de protéines est un effet recherché en cosmétologie, mais un facteur favorisant des allergies. Pour une absorption cutanée efficace, les substances doivent avoir un poids moléculaire (PM) maximum de 500 DA avec un seuil à 800 DA et une lipophilie modérée. Divers systèmes liposomaux, micellaires ou vésiculaires permettent d’améliorer la pénétration. Les oléosomes représentent une innovation dans les systèmes de vectorisation de molécules. Ce sont des nanoparticules lipidiques obtenues naturellement à partir d’huiles végétales, en général de fruits à coque. Leur membrane est une source de protéines, le plus souvent des oléosines (PM entre 15 et 20 kDa) – qui peuvent être impliquées dans des allergies alimentaires notamment à l’arachide –, des caléosines (25 à 35 kDa) et des stéréoléosines (≥ 35 kDa). Des actifs peuvent être encapsulés dans ces gouttelettes d’huile, en particulier des antioxydants. Outre leur caractère entièrement naturel, les émulsions d’oléosomes ont l’avantage de ne pas nécessiter d’émulsifiant supplémentaire pour délivrer les actifs ni d’étape d’homogénéisation. En conclusion, la demande de produits responsables, durables, respectueux de l’environnement éco-conçus explique la tendance actuelle du végétal. Tous les composants des formulations peuvent contenir des protéines ou des fragments de bas PM pour une activité «peau». Seules des caractérisations fines des composants permettront d’identifier l’ensemble des protéines mises en jeu et de faire des filtres pour limiter le risque de réactions cutanées.  * CosIng database : https://ec.europa.eu/growth/ tools-databases/cosing/

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