publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Allergologie

Publié le 26 fév 2025Lecture 4 min

Dermatites de contact professionnelles à l’endive : ne pas oublier de tester son jus !

Catherine OLIVERES-GHOUTI, d’après la présentation du Dr Pierre Marcant

Les chicons ou endives sont responsables de cas d’allergies de contact constatées sur les mains, le visage et les paupières chez des saisonniers du nord de la France. Le CHU de Lille a enregistré en dix ans plus d’une dizaine de cas. État des lieux et démarche diagnostique par le Dr Pierre Marcant (hôpital Claude-Huriez, Lille).

L'endive, essentiellement cultivée dans le nord de la France, serait responsable de dermatites de contact. C’est le constat fait par le service de dermatologie du CHU de Lille qui a recensé douze cas chez des saisonniers en endiverie ces dix dernières années. Pour le Dr Marcant, bien que faible cet échantillon « donne des renseignements non négligeables », car très peu de cas ont été documentés ces cinquante dernières années. Les patients concernés, à forte prédominance des femmes, présentaient des lésions sur le visage (chez 83 % d’entre eux), sur les mains (toutes zones confondues, à 58 %) et sur les paupières (42 %). Le Dr Marcant rapporte que les tests, tels que la Batterie Standard Européenne (BSE) réalisée à chaque fois et la batterie plantes réalisée dans huit cas, n’ont pu révéler le lien de causalité, car aucun patient n’a présenté de réaction au sesquiterpène lactone (LS) mix de la BSE, ni aux différents allergènes de la batterie plantes. Des résultats étonnants, car l’endive contient deux lactones sensibilisantes : la lactucine et la lactucopicrine. Le test à l’endive était quant à lui positif dans un cas sur deux.   Étude de poste menée par le CHU de Lille   Une étude de poste a donc été décidée pour « vérifier la responsabilité » du légume sans omettre celle des produits phytosanitaires, des gants, etc. Il est à noter que pendant le processus de production, les endives reçoivent différents traitements phytosanitaires : un traitement initial avec des fongicides contenant des irritants cutanés, des agents corrosifs et des sensibilisants, et d’autres fongicides (1,2-benzisothiazol-3(2H)- one) lors du forçage (étape hors sol réalisée dans une enceinte obscure où les endives sont stockées dans des bacs superposés pendant 15 jours, avec une ventilation interne et un système d’irrigation). L’équipe du CHU de Lille s’est donc rendue dans une endiverie du Pas-de-Calais, employant une soixantaine de salariés, chacun affecté à une tâche du circuit de production : repiquage ou ensilage, forçage hors sol, cassage, épluchage. Le Dr Marcant note que les patients testés étaient presque tous (92 %) affectés au poste d’épluchage, tâche qui consiste à retirer au couteau les premières feuilles et à conditionner les endives en sachets ou en barquettes. Tenus de porter un tablier en tissu et des gants en nitrile, ces saisonniers refusaient pour certains de le faire invoquant des raisons d’inconfort et de macération. Aucune réaction à la benzisothiazolinone n’ayant été notée et un seul cas de dermatite allergique de contact aux gants vinyles ayant été constaté, « tester les endives semblait donc particulièrement adapté ». Le Dr Marcant révèle qu’une positivité des tests aux endives, toutes parties confondues, était objectivée dans 45 % des cas. Plus précisément à 36 % pour la feuille d’endive, à 27 % pour la racine et à 57 % pour le jus. Pour une seule patiente ayant déclaré lors de l’interrogatoire des réactions avec de la salade, des prick tests ont été réalisés, négatifs pour la feuille de laitue, positifs pour la sève de laitue et positifs en lecture immédiate pour la feuille d’endive. Au vu de ce « délai d’apparition très rapide des lésions au décours du contact », tout orientait vers une dermatite de contact professionnelle aux endives. Il était donc indispensable de tester l’endive, et notamment son jus. En effet, selon le Dr Marcant, la forte positivité au jus d’endive peut s’expliquer par « une surestimation du taux liée au fait qu’il a été moins testé que les autres parties de l’endive » ou par une concentration plus importante en allergènes dans le jus. Ce qui, comme le suggère le Dr Marcant, expliquerait que les lésions s’observent plus chez les salariés en charge de l’épluchage, plus exposés au jus d’endive que ceux responsables du cassage. Comment expliquer cependant la négativité des tests de la BSE et de la batterie plantes ? Il semble que le stockage et le séchage des racines affectent la quantité de LS, la lactucine et la lactucopicrine sont vite dégradées sous l’effet des UV.   En conclusion   Rare et peu rapportée, l’allergie professionnelle aux endives est pourtant bien réelle chez les saisonniers employés dans les endiveries et peut entraîner des conséquences professionnelles importantes. La négativité du LS mix ne doit donc pas l’occulter, et il est donc indispensable de penser à tester l’endive – et notamment son jus –, pour ne pas passer à côté du diagnostic. D’après la présentation du Dr Pierre Marcant (hôpital Claude-Huriez, Lille), Gerda 2024

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème