Publié le 24 oct 2019Lecture 3 min
Maladie de Bowen cutanée : intérêt de l’association laser ablatif et PDT
François CHASSET, service de dermatologie et d’allergologie, Hôpital Tenon, Paris
La maladie de Bowen est un carcinome épidermoïde in situ, c’est-à-dire n’atteignant pas le derme.
Il existe un risque de transformation en carcinome épidermoïde estimée entre 3 et 5 % des cas. Plusieurs modalités de traitement sont possibles en particulier la chirurgie, le curetage, la cryothérapie, le 5-FU et l’imiquimod topique. La photothérapie dynamique utilisant l’aminolévulinate de méthyle a montré des résultats intéressants avec des taux de réponse à 3 mois entre 88 % et 100 % supérieurs ou équivalents au 5-FU topique ou à l’imiquimod. De plus, la PDT est associée à un taux inférieur d’ulcérations et de retards de cicatrisation, en particulier sur les membres inférieurs, par rapport aux autres traitements. Une étude avait montré la supériorité à 12 mois d’un traitement associant un laser ablatif YAG associé à une PDT par rapport à un traitement par PDT seule (taux de réponse 87,5 % vs 50 % respectivement). Cette étude rapporte les résultats de cette étude à 5 ans en comparant ces deux techniques.
Il s’agissait d’une étude contrôlée randomisée, incluant des patients adultes avec une maladie de Bowen des membres inférieurs prouvée histologiquement. Les patients étaient randomisés pour recevoir une séance de laser ablatif associé à la PDT ou 2 séances de PDT seule à une semaine d’intervalle. La procédure était réalisée par un seul pulse de laser fractionné ablatif erbium : yttrium-argon-garnet (YAG) avec une profondeur d’ablation de 550-600 μm, 22 % de densité de traitement suivi d’un traitement par PDT avec 16 % d’aminolévulinate de méthyle à 5 mm tout autour de la zone traitée par laser avec une procédure classique. L’évaluation de l’efficacité était réalisée à 3 mois. Une persistance de la lésion à 3 mois était considérée comme un échec du traitement. En cas de réponse complète, les patients étaient suivis annuellement pendant 5 ans. En cas de suspicion de récidive, une biopsie cutanée était réalisée pour confirmation histologique. L’évaluation des lésions était réalisée par 2 investigateurs en aveugle de la procédure pendant les 5 ans de l’étude. Le critère de jugement principal était le taux de réponse complète à 5 ans. Les critères de jugement secondaires étaient le taux de récidive, les facteurs associés à une réponse complète et les données de tolérance.
Au total, 60 patients avec 84 maladies de Bowen ont été randomisés. Il n’y avait pas de différence significative en termes de caractéristiques démographiques entre les 2 groupes. Les maladies de Bowen étaient en majorité bien à moyennement différenciées (76,1 % dans le groupe laser + PDT versus 78,9 % dans le groupe PDT seule). Après 5 ans, le taux de réponse complète était de 84,78 % dans le groupe laser + PDT et 44,74 % dans le groupe PDT seule (p < 0,001). De même, le taux de récurrence était inférieur dans le groupe laser + PDT par rapport au groupe PDT seule, 9,3 % versus 41,38 % p = 0,003. L’EVA douleur moyenne était de 6,1/10 dans le groupe laser + PDT versus 5,6 dans le groupe PDT seule sans différence significative. Une maladie de Bowen de taille < 20 mm et l’absence de traitement antérieur étaient statistiquement associés à la réussite du traitement par laser + PDT.
En conclusion, cet article démontre la supériorité d’une séance de laser ablatif YAG associé à une PDT par rapport à deux séances de PDT seule dans le traitement des maladies de Bowen des membres inférieurs avec un suivi de 5 ans. Le taux de récurrence est également inférieur avec une tolérance globalement similaire. L’association laser ablatif + PDT représente donc une réelle option dans la prise en charge de cette pathologie.
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