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Maladie de système, Médecine interne

Publié le 27 mar 2020Lecture 3 min

Le nemolizumab : une révolution dans le prurigo nodulaire ?

F. CHASSET, hôpital Tenon, Paris

Le prurigo nodulaire est une maladie inflammatoire chronique survenant avec une fréquence identique chez les hommes et les femmes, plutôt âgés et plus souvent chez les personnes d’origine africaine.

Une association avec le diabète, l’insuffisance rénale chronique et le VIH a été mise en évidence. Cette pathologie est souvent réfractaire au traitement et le prurit est souvent une des plaintes principales. Il a été montré que près d’un tiers des patients avec un prurigo ont une dépression et près de 20 % ont des idées suicidaires. La physiopathologie du prurigo est mal comprise, mais il a été montré une hypersensibilité des neurones au processus de prurit et l’activation des voies inflammatoires chroniques. En particulier, l’interleukine 31 (iL-31) est 50 fois plus transcrite dans les biopsies de prurigo nodulaire par rapport à la peau saine. Le nemolizumab est un anticorps monoclonal antiIL 31 qui a montré des résultats intéressants dans la dermatite atopique, en particulier sur l’amélioration des scores de prurit. Dans cette étude, les auteurs ont réalisé un essai contrôlé de phase 2, randomisé 1 : 1 dans le prurigo nodulaire modéré à sévère. Les patients devaient avoir un prurigo avec un score de prurit supérieur ou égal à 7 sur une échelle numérique allant de 0 à 10 et au moins 20 nodules de prurigo. Les patients recevaient du nemolizumab 0,5 mg/kg par voie souscutanée toutes les 4 semaines ou un placebo pendant 12 semaines. Le critère de jugement était l’amélioration de l’EVA prurit sur l’échelle numérique à la semaine 4. Au total, 70 patients ont été inclus, 34 dans le groupe nemolizumab, 36 dans le groupe placebo. Les patients étaient majoritairement des femmes (56- 61 % selon les groupes) avec une nette prédominance de patients à peau claire (97 %). L’âge moyen était compris entre 52 et 59 ans. En ce qui concerne la sévérité du prurigo, le score moyen de prurit à l’admission était de 8,4 +/- 1,2 dans chaque groupe et près de 40 % des patients avaient plus de 100 nodules de prurigo. À la semaine 4, il existait une moyenne de 4,5 points dans le groupe nemolizumab (amélioration 53 %) versus 1,7 (-20,2 %) dans le groupe placebo, différence absolue -32,8 %, intervalle de confiance à 95 % -46,8 à -18,8 ; p < 0,001. L’amélioration était poursuivie tout au long des 12 semaines de traitement, sans gain important en poursuivant le traitement. Par ailleurs à la semaine 12, une amélioration de plus de 50 % des lésions de prurigo était notée chez 79 % des patients traités par nemolizumab, contre seulement 28 % dans le groupe placebo. En ce qui concerne la tolérance, le nombre d’effets indésirables conduisant à un arrêt de l’étude était similaire entre les deux groupes. Des troubles digestifs (n = 2 patients) étaient notés chez deux patients dans le groupe nemolizumab contre 0 dans le groupe placebo. Les douleurs musculaires semblaient également plus fréquentes dans le groupe nemolizumab. Au total, cette étude de phase II montre des résultats extrêmement encourageants, mais sur un faible effectif. Par ailleurs, il sera important d’inclure également des patients d’origine africaine, qui étaient sous représentés dans cette étude alors qu’ils présentent souvent des prurigos nodulaires réfractaires au traitement. La tolérance semble satisfaisante, sans effets indésirables inattendus. Le risque infectieux sévère ne semble pas augmenté. Une étude de phase III va débuter très prochainement pour essayer de confirmer ces résultats.

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