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Congrès

Publié le 31 mar 2020Lecture 3 min

Pédiculose du cuir chevelu, à quel traitement se fier ?

D. CARO, Boulogne-Billancourt

Les poux envahissent les cheveux des enfants et sont un vrai casse-tête pour les parents. Au fur et à mesure que les poux deviennent de plus en plus résistants, les propositions pour en venir à bout se multiplient, la plupart n’ayant pas fait l’objet d’une évaluation sérieuse.

La prévalence de la pédiculose du cuir chevelu est très élevée ; les poux sévissent de façon endémo-épidémique chez les enfants d’âge scolaire. Un cuir chevelu infesté ne guérit jamais spontanément. Les poux sont des insectes hématophages, responsables de prurit associé à des lésions de grattage susceptibles de se surinfecter (impétigo), de réactions urticariennes et d’absentéisme. Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de traiter les enfants atteints. Mais par quels moyens ? On a vu se développer ces dernières années un marché commercial important avec une multitude de produits disponibles (en pharmacie ou non) ainsi que des centres privés dédiés à l’éradication des poux, sans pour autant que ces traitements aient fait l’objet d’une évaluation sérieuse. Dans ce contexte, le GR/IDIST de la SFD (Groupe infectiologie dermatologique et infections sexuellement transmissibles de la SFD) rappelle quelques messages essentiels. Seuls les sujets véritablement infestés(présence de poux vivants) doivent être traités, dans l’idéal simultanément à toutes les personnes de leur entourage. Parmi les approches non médicamenteuses, le « bug busting » ou élentage répété après mise en place d’un démêlant est sans doute la plus efficace sous réserve d’une observance parfaite ; c’est à-dire la répétition quotidienne pendant plusieurs jours (environ deux semaines). Le bug busting est la technique de référence en Grande-Bretagne. Considérées comme écologiques, les huiles essentielles et la diméthicone sont des dispositifs médicaux et non des médicaments, avec de moindres exigences réglementaires. Leur efficacité est mal démontrée ou estimée inférieure aux insecticides dans les quelques essais randomisés contrôlés. Quant à leur tolérance, elle est également insuffisamment évaluée. De plus en plus de résistances auc insecticides Les insecticides ont, eux, le statut de médicaments antiparasitaires et donc une AMM ; ils ne sont toutefois pas remboursés dans cette indication. Le malathion a été retiré du marché par son fabricant en 2018, à la suite de restrictions d’indications voulues par l’ANSM. Les pyrèthres sont disponibles, mais exposent à un risque de résistance. D’une façon générale, les résistances aux produits anti-poux progressent dans le monde.Elles peuvent être dues à des mutations de gènes des canaux sodiques(1). La comparaison des produits entre eux est difficile, du fait de nombreux biais dans les études. Le malathion est supérieur à la d-phenothrine(2) ; alors que la perméthrine donne de meilleurs résultats que la pyréthrine combinée au butoxyde de piperonyl (3). L’Ivermectine® topique est supérieur au placebo(4) ; c’est le cas également de l’abametapir(5). Enfin, l’Ivermectine® oral a été comparé au malathion en lotion dans les traitements difficiles des poux. Les auteurs ont observé 95,2 % de patients sans poux vivants à J15 dans le groupe Ivermectine® contre 85 % dans le groupe malathion (p < 0,001). Cette indication de l’Ivermectine® per os est hors AMM et doit rester exceptionnelle(6). Dans ce contexte, le choix du traitement est difficile, ce d’autant plus que la liste des produits anti poux disponibles en pharmacie est fort longue et les formes galéniques diverses. Avec des temps de pose trop courts, les shampoings ne sont pas efficaces ; il faut leur préférer les lotions. Le retraitement est nécessaire, car aucun produit n’est efficace à 100 %, et les lentes éclosent en 8-9 jours (parfois 7 à 12). Prévenir la transmission Enfin, la lutte contre la pédiculose passe par la prévention de la transmission. Les personnes qui ont été en contact avec la tête de la personne infestée dans les 24 à 48 heures doivent être traitées (les poux ne survivent pas plus de 24 heures hors d’une chevelure). Les vêtements et le linge de maison doivent être lavés à 60 °C puis séchés au moins 10 minutes au programme le plus chaud. Les effets qui ne peuvent pas être lavés sont enfermés dans un sac en plastique pendant 48 heures.

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