Publié le 30 juin 2020Lecture 3 min
Allergie à l’iode : le vrai, le faux
Catherine FABER, Paris
Nombreux sont les patients qui se déclarent allergiques à l’iode après avoir développé une réaction d’intolérance à un produit qui en contient. Certes, les allergies à ce type de produits existent, mais sont-elles pour autant liées à l’iode ? Réponse à partir de l’analyse des différentes situations cliniques rencontrées dans la pratique.
• L’urticaire inductible à l’eau de mer est très rare. Comme son nom l’indique, cette forme particulière d’urticaire aquagénique survient après une baignade en eau de mer(1). Elle n’est pas liée à l’iode mais uniquement au degré de salinité de l’eau.
• Les allergies aux antiseptiques iodés sont également rares. Ces produits entrainent plus volontiers des réactions d’irritation cutanée lorsqu’ils sont appliqués sous occlusion qu’une véritable allergie. Il n’a jamais été démontré que l’allergie de contact à la povidone iodée (Bétadine®) est due à l’iode. C’est la povidone qui est en cause. On peut aussi observer des chocs anaphylactiques aux antiseptiques iodés : 10 cas tous dus à la povidone iodée en milieu opératoire ont été rapportés(2).
• Parmi les allergies aux produits de la mer, l’allergie aux crevettes peut être assez sévère. Leur allergène principal est la tropomyosine. Il existe une très forte homologie de structure entre un épitope de cette protéine musculaire des crustacés (Shrimp-Pen m1) et un épitope des acariens (mite-Der p). D’où un risque de sensibilisation croisée avec les acariens, mais aussi les blattes, les escargots et le parasite responsable de l’anisakiase (Anisakis) qui est présent dans les poissons crus. Les crustacés peuvent contenir d’autres allergènes, mineurs, comme l’arginine kinase, la chaîne légère de la myosine, la protéine sarcoplasmique liée à du calcium, la troponine C… mais pas l’iode ! Même conclusion pour les allergies aux poissons qui sont principalement dues à la parvalbumine, un allergène thermostable. Sa résistance à la dénaturation thermique ex - plique la possibilité du déclenchement d’une crise d’asthme par la simple inhalation de fumet de poisson chez les patients allergiques. Des allergènes mineurs ont été identifiés comme l’énolase et l’al - dolase dans les muscles des poissons et la vitellogénine dans les oeufs de poisson dont le caviar.
• Des réactions d’hypersensibilité surviennent chez, respectivement, 1 % à 3 % et 0,05 % des sujets exposés aux produits de contraste iodés (PCI) ioniques et non ioniques. La plupart d’entre elles sont immédiates (< 1 h après l’administration) : prurit, urticaire, angioedème, choc… Les hyper - sensibilités retardées aux PCI sont variées et peuvent se manifester par un exanthème maculopapuleux, un érythème généralisé et, plus rarement, par un prurit, une pustulose exanthématique aiguë généralisée, un érythème pigmentée fixe, voire un DRESS dont le délai de survenue est souvent très court(3). De 23 % à 25 % des patients développent une réaction dès la première injection de PCI(4,5). Les tests à la povidone iodée sont exceptionnellement positifs chez les patients ayant une sensibilisation prouvée aux PCI et pas plus que chez les sujets non allergiques à ces produits(4). Ni les excipients des PCI ni l’iode ne sont en cause dans ces réactions d’hypersensibilité. Les allergies aux PCI sont probablement dues à la chaîne « carbamoyle » ou à l’hyperosmolarité des produits.
En conclusion, l’allergie à l’iode n’existe pas. On en consomme tous les jours. Cet oligoélément est en effet présent dans de nombreux aliments autres que les produits de la mer (lait, beurre, fromages, bacon, sel de table…) ainsi que dans des produits diététiques (p. ex. dragées Fuca®).
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