Publié le 24 nov 2020Lecture 3 min
Dermocosmétiques et nouveaux traitements topiques dans l’acné et la rosacée
C. FABER, Paris
L’utilisation de produits dermocosmétiques en complément des traitements médicamenteux topiques ou oraux de l’acné et de la rosacée suscite un intérêt croissant. De nouvelles formulations sont développées et de nouveaux traitements topiques font leurs preuves.
Pour les soins de la peau, les produits abrasifs, les produits de gommage trop agressifs et ceux contenant de l’alcool, du parfum et des substances comédogènes sont déconseillés. Il est recommandé d’utiliser des nettoyants doux de type syndet qui contiennent des tensio-actifs synthétiques et des lipides émollients et respectent le pH cutané.
Les soins nettoyants et hydratants doivent permettre de protéger ou de restaurer la barrière cutanée, améliorant ainsi la tolérance des traitements topiques sans compromettre leur efficacité, et si nécessaire de stimuler le microbiote cutané.
Les réactions de photosensibilisation induites par la plupart des médicaments de l’acné ainsi que le risque d’exacerbation clinique de la rosacée par l’exposition aux rayons UV justifient un usage approprié des produits de protection solaire (PPS). De nouvelles formulations de PPS notamment sous forme de sticks, de sprays et de gels non gras ont été développées. Les voies de recherche dans ce domaine reposent sur l’utilisation d’enzymes de réparation de l’ADN, de phytolyase (réparation des dimères de thymine), de molécules ciblant la formation des dimères de thymine ou le raccourcissement des télomères, et sur la technologie d’encapsulation des ingrédients actifs dans des liposomes.
Concernant la prise en charge de l’hyperpigmentation postinflammatoire, outre les traitements médicamenteux (rétinoïdes, hydroquinone, acide azélaïque…), certains ingrédients cosmétiques pourraient avoir un effet favorable via une action sur la mélanogenèse. Par exemple, le soja et la niacinamide qui inhibent le transfert des mélanosomes aux kératinocytes, les extraits de réglisse, la lignine peroxydase. L’acide tranexamique et la cystéamine topique ont une efficacité dépigmentante démontrée dans le mélasma. Dans l’érythème facial associé à la rosacée, deux agonistes des récepteurs alpha-adrénergiques topiques, le gel de brimonidine et la crème à 1 % d’oxymétazoline, ainsi que la toxine botulique A donnent de bons résultats.
Rétinoïdes, antimicrobiens et antiandrogène
Trois rétinoïdes topiques ont récemment démontré leur efficacité dans l’acné modérée à sévère. La première lotion de trétinoïne à 0,05 % est une émulsion stabilisée par des particules polymériques. Cette nouvelle formulation permet d’augmenter la pénétration intrafolliculaire du principe actif. La même technologie a été utilisée pour développer le tazarotène en lotion à 0,045 % qui, dans deux études de phase 3, a donné de bons résultats. Un rétinoïde de quatrième génération, le trifarotène 50 mg, est disponible en crème. Cette nouvelle molécule, la première à cibler spécifiquement le récepteur RAR de type gamma, est indiquée dans l’acné du visage et du tronc.
Il existe également des nouveautés concernant les antimicrobiens dans l’acné. La minocycline topique en mousse à 4 % a été développée pour minimiser l’absorption systémique et la toxicité de cet antibiotique. Le peroxyde de benzoyle encapsulé, en combinaison avec la trétinoïne, ralentit la pénétration cutanée et ainsi améliore la tolérance du traitement. À noter que la minocycline en mousse et en gel est en cours de développement dans la rosacée.
Par ailleurs, la clascotérone en crème à 1 % s’est révélée efficace et bien tolérée dans deux études de phase 3 menées sur plus de 1 400 patients atteints d’acné sévère. Ce nouvel antagoniste des récepteurs aux androgènes topiques a un mécanisme d’action original. Il inhibe la production de lipides et de cytokines inflammatoires. Enfin, des molécules agissant sur la production sébacée et sur l’inflammation sont dans le pipeline comme le cannabidiol en gel, des inhibiteurs de l’IGF1 (Insulin-like Growth Factor 1) en solution pour application cutanée et des modulateurs sélectifs de PPAR (Peroxisome Proliferator-Activated Receptor).
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