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Cancérologie

Publié le 25 jan 2011Lecture 2 min

Beaucoup d’effets secondaires cutanés avec les thérapies ciblées en oncologie

Dr Marie-Line Barbet
Les thérapies ciblées sur un oncogène ou encore sur l’angiogenèse tumorale sont de plus en plus utilisées en oncologie. Quoique respectant en théorie les cellules normales de l’organisme, à l’inverse des chimiothérapies classiques, elles n’en exposent pas moins à de nombreux effets secondaires, notamment cutanés, parfois suffisamment graves pour requérir la suspension du traitement anti-tumoral.
L’équipe de C Robert à l’institut Gustave Roussy de Villejuif a mis en place une consultation spécialisée pour la prise en charge des effets cutanés des chimiothérapies, avec pour chaque patient la tenue d’un cahier d’observation informatisé colligeant les données sur le type de molécule en cause, le type d’éruption, son grade, sa durée. Parmi 195 malades vus sur une période de 15 mois (âge moyen 56 ans, extrêmes 17 à 88 ans), les lésions dermatologiques étaient liées à la prise d’une seule molécule dans 59 % des cas, de deux molécules dans 25 % et de plus de deux, dans 16 % des observations. Chez deux tiers des patients, des thérapies ciblées pouvaient être incriminées : le plus souvent il s’agissait d’inhibiteurs de l’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor), c'est-à-dire d’anticorps monoclonaux ou d’inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, indiqués dans différents types de cancer. Le motif de consultation le plus fréquent était la survenue d’une folliculite (81 % des malades), mais un tiers présentait également une éruption maculo-papuleuse et un tiers une xérose. Les atteintes phanériennes occupaient aussi une grande place : alopécie (10 % des cas), modification de la texture ou de la couleur des cheveux (30 %), hémorragies sous unguéales (6 %), onycholyse (12 %), paronychies (16 %). Enfin 19 % des malades souffraient d’une atteinte muqueuse (surtout orale) et plus de la moitié, de prurit, dysesthésies, douleurs. Des traitements topiques ont été proposés dans plus de 70 % des cas mais un traitement systémique a été nécessaire dans un quart des observations.  L’analyse prospective des effets secondaires dermatologiques des nouvelles thérapies ciblées devrait permettre d’en mieux cerner les mécanismes d’apparition et de proposer une prise en charge adaptée, si possible préventive. D’ores est déjà sont retenues la grande fréquence des folliculites et des lésions acnéiformes sous inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR, mais aussi la possibilité d’éruptions eczématiformes et psoriasiformes sous inhibiteurs de tyrosine kinase BCR-ABL (imatinib, nilotinib…) utilisés notamment dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique (16 cas rapportés ici par l’équipe de M Beylot-Barry, Bordeaux), ainsi que les désormais classiques réactions main-pied (RMP) sous traitements anti-angiogéniques (sorafenib, sunitinib, bevacizumab)  avec des lésions hyperkératosiques mais parfois aussi nécrotiques.

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