Publié le 19 mar 2008Lecture 3 min
Du rôle de l’environnement dans l’expression phénotypique du psoriasis
Dr Marie-Line Barbet
Bien que la physiopathologie du psoriasis ne soit pas complètement élucidée, il est désormais clair que l’expression de la maladie dépend de variations génétiques. L’influence des facteurs de l’environnement est en revanche beaucoup moins bien précisée.
Une équipe de l’université d’Utah a constitué une base d’un peu plus de 800 patients psoriasiques dans le but d’établir des liens entre génotype et phénotype et rechercher l’impact de facteurs environnementaux. L’âge du début de la maladie, l’étendue des lésions, la survenue d’un rhumatisme psoriasique, l’évolution, la réponse au traitement etc., y sont précisément connus pour chaque malade. Ces données ont été exploitées pour examiner l’influence du tabagisme sur le moment de l’apparition du psoriasis cutané et du rhumatisme psoriasique. L’âge moyen de début du psoriasis cutané chez les fumeurs par rapport aux non fumeurs était de 29,4 vs 26,1 ans et le délai moyen avant la survenue d’un éventuel rhumatisme psoriasique de 12,4 ans dans les deux cas. Cependant on constatait une différence significative entre ceux qui avaient commencé à fumer avant l’installation de la maladie cutanée et ceux qui avaient débuté le tabac après l’apparition de celle ci. Pour les premiers, le délai de survenue d’une atteinte rhumatologique était de 8,2 +/- 9,3 ans, alors que pour les seconds, de délai était incomparablement plus long (23,2 ans +/- 15,3 ans p=0,005), ce qui suggèrerait que se mettre à fumer en cas de psoriasis cutané retarde l’éventuelle apparition de complications rhumatologiques. Autre curiosité phénotypique, alors que parmi les non fumeurs, les femmes étaient près de deux fois plus souvent que les hommes concernées par les arthrites psoriasiques (73 vs 49), il y avait pratiquement autant d’hommes que de femmes atteints de rhumatisme psoriasique dans le groupe des fumeurs (30 vs 33). L’effet apparemment protecteur du tabac face aux complications rhumatologiques dans le psoriasis ne saurait évidemment conduire à le recommander…mais peut être à tenter d’identifier d’autres substances moins à risque susceptibles d’apporter des bénéfices comparables. La même équipe, se servant toujours de la même base de données est également parvenue à définir un groupe unique de patients dont les lésions cutanées s’aggravent en cas d’infections respiratoires hautes et chez lesquels certaines caractéristiques phénotypiques et génotypiques sont significativement plus souvent présentes : sexe féminin (p<0,0001), histoire familiale de psoriasis (p=0,034), présence d’un phénomène de Koebner (p=0,005), absence d’atteinte unguéale (p=0,05), appartenance au groupe HLA C2, expression d’un SNP (single nucleotide polymorphism 6887695) associé à la sous unité p40 de l’interleukine 12 et de l’interleukine 23. Ces différentes communications soulignent une fois encore la complexité des relations entre génotype, phénotype et environnement dans le psoriasis.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :