Publié le 15 aoû 2010Lecture 2 min
Que savons-nous du prurit au cours des lymphomes cutanés T ?
Pr Philippe Humbert
Un excellent article de N. Meyer, C. Paul et L. Misery, paru récemment dans Acta Dermato-Venereologica, fait le tour de la question. Le prurit est défini comme une sensation cutanée déplaisante associée au besoin ou au désir immédiat de se gratter. Chacun sait que le prurit, notamment sans lésion cutanée, révèle le plus souvent une infection sous-jacente. Le mécanisme de survenue du prurit prend son origine au niveau des terminaisons nerveuses libres se situant au niveau de la peau. Des prurirécepteurs (fibres C spécifiques du prurit) ont été découverts au sein des fibres afférentes C mécano-insensibles. Les prurirécepteurs sont caractérisés par une vitesse de conduction basse, une large surface de territoire innervé et l’absence de réponse au stress mécanique.
La sensation de prurit est transmise par les fibres C à la corne postérieure de la moelle et au cortex cérébral via le tractus spinothalamique. Par un mécanisme réflexe, les terminaisons nerveuses sensitives libèrent des neuropeptides qui aggravent le prurit en stimulant la libération de médiateurs prurigènes, tels que les cytokines par les mastocytes, mais aussi par les cellules immunitaires épithéliales et les cellules endothéliales. Le prurit est un symptôme fréquent des lymphomes cutanés. Il peut être localisé sur les lésions spécifiques ou en peau non atteinte macroscopiquement. Les auteurs considèrent que dans le cas d’un prurit atypique (sévère, chronique, permanent, sans autre explication, ou interférant avec le soleil, résistant aux corticoïdes, associé à une dermite non spécifique), il est d’usage d’effectuer au moins trois biopsies cutanées et une recherche de clonalité cellulaire T dans la peau. Parmi les traitements réputés efficaces, les dermocorticoïdes doivent être privilégiés et notamment les corticoïdes de classe 1. Les corticoïdes par voie orale à des doses de 10 à 30 mg/j améliorent le prurit dans l’expérience des auteurs. Les antihistaminiques peuvent être associés. La maltrexone, un antagoniste du récepteur opioïde, a été rapportée comme efficace dans ce type de prurit. Parmi les traitements de seconde ligne, la photothérapie et notamment la PUVAthérapie, sont à signaler, mais aussi l’UVBthérapie à bande étroite. Les auteurs rappellent également l’intérêt du traitement de fond du lymphome, susceptible d’améliorer la symptomatologie prurigineuse. Aux côtés de ces traitements, signalons l’effet favorable du thalidomide sur le prurit des maladies cutanées en général. Chez certains patients porteurs de lymphomes cutanés T, l’usage de faibles doses de méthotrexate pendant plusieurs années a été proposé. Certains auteurs ont rapporté l’effet bénéfique de la gabapentine ou encore du nirtazapine (un antidépresseur). Nous invitons tous les dermatologues ayant à prendre en charge des patients porteurs d’un prurit au cours d’un lymphome cutané T à lire cette très belle revue.
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