Corticothérapie systémique pour un psoriasis : le risque de poussée est peut-être surestimé

Le recours à la corticothérapie systémique chez les patients atteints d’un rhumatisme psoriasique ou d’un psoriasis est classiquement déconseillé, par crainte de favoriser la survenue de poussées évolutives. Malgré cette mise en garde quelque peu empirique, il s’avère qu’un tel traitement est souvent prescrit en pratique courante, face à la sévérité des symptômes et à l’échec des traitements conventionnels. Aussi peut-on se demander si les craintes quant à l’évolution de la maladie sont alors justifiées. Cette situation héritée d’études volontiers rétrospectives et parfois contradictoires est à l’origine d’une revue systématique de la littérature internationale sans métaanalyse. Trois bases de données ont été exploitées (dernières publications en novembre 2019), respectivement MEDLINE, EMBASE et Cochrane Library. Sur les 4 922 articles ainsi identifiés, 21 études répondaient aux critères d’inclusion, mais 11 d’entre elles seulement, tant rétros pectives que prospectives, ont été analysées. L’effectif est au total de 4 170 820 patients atteints d’un psoriasis ou d’un rhumatisme psoriasique. Plus d’un patient sur trois, quel que soit le diagnostic, a bénéficié d’une corticothérapie systémique. Dix études prospectives observationnelles ou interventionnelles n’ont fait état d’aucun risque de poussée évolutive associée à ce traitement. Cette revue qualitative de la littérature internationale attire ainsi l’attention sur un fait : en dépit des conseils dissuasifs, le psoriasis comme le rhumatisme psoriasique ne semble pas décourager les prescripteurs quand il s’agit de recourir la main forcée à la corticothérapie systémique. Le risque de poussée évolutive est du reste réduit... Ce qui ne doit évidemment pas inciter à abuser des corticoïdes. Chez les patients en poussée, alors que le traitement conventionnel est en échec, le besoin d’un effet anti-inflammatoire puissant et rapide peut justifier la corticothérapie systémique qui devra être la plus brève possible pour en éviter les effets secondaires et une pharmacodépendance. Ces éventualités sont à prendre en considération dans l’évaluation soigneuse du rapport bénéfice/risque qui préside à la décision thérapeutique particulièrement lourde de conséquences dans les maladies chroniques.