Maladie de système, Médecine interne
Publié le 07 juil 2023Lecture 3 min
Hidradénite suppurée et MICI - Le point de vue du gastro-entérologue
Flavien DAUTRECQUE, Service de gastro-entérologie, CH de Lens
Selon une métaanalyse de 2020, il existerait une association entre l’hidradénite suppurée (HS) et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, pour la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Explications.
En 2020, dans une métanalyse, Kevin Phan et coll.(1) ont montré qu’il existe une association entre la maladie de Verneuil et les deux types de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) pour la maladie de Crohn (OR = 2,25 [1,52-3,32]), et pour la rectocolite hémorragique (RCH) (OR = 1,56 [1,26-1,94]).
Les facteurs de risque de cette association en comparaison aux patients n’ayant qu’une MICI sont la consommation de tabac (OR = 5,96 [2,10-16,86]) et l’obésité (OR = 10,78 [3,33- 34,88])(2).
MANIFESTATIONS ANO-PÉRINÉALES
La découverte d’une lésion ano-périnéale par un hépato-gastro-entérologue au cours d’une MICI doit faire se poser la question d’abord d’une lésion spécifique de la maladie (fistule, abcès), y compris en cas de diagnostic supposé de RCH.
En effet, la RCH ne donne pas de manifestations ano-périnéales. L’apparition d’une telle lésion doit faire évoquer une maladie de Verneuil, mais aussi un mauvais diagnostic initial et une maladie de Crohn jusqu’alors non diagnostiquée.
La sémiologie clinique peut parfois suffire à faire la différence. La collaboration avec les dermatologues est alors essentielle, d’autant que tous les hépato-gastro-entérologues ne sont pas spécialistes des MICI ou de la proctologie. Dans le cas contraire, la réalisation d’une IRM périnéale peut permettre de distinguer les lésions secondaires avec une atteinte anale ou rectale d’une MICI.
PRISE EN CHARGE
La prise en charge d’une maladie de Verneuil n’est en rien influencée par l’activité ou le traitement mis en place pour une MICI, sauf en cas d’indication dermatologique à un anti-TNFalpha, ces derniers ayant aussi une activité anti-inflammatoire intestinale. Trois scénarios sont possibles :
– le patient est déjà sous anti-TNFalpha : seules les éventuelles adaptations posologiques peuvent nécessiter une prise en charge conjointe ;
– le patient est sous immunosuppresseurs : le switch thérapeutique ou alors le maintien de l’immunosuppresseur en plus de la biothérapie (combothérapie) devra alors être discuté ;
– le patient est sous une biothérapie autre qu’un anti-TNFalpha : une double biothérapie n’étant pas recommandée, le switch thérapeutique est la seule option discutable pour traiter les deux maladies.
Dans ces deux derniers cas, un changement de biothérapie chez un patient en rémission est à risque de déstabiliser la maladie digestive avec de potentielles complications. Le patient doit en être clairement informé et doit participer à l’élaboration de la stratégie thérapeutique. Ce changement devra être anticipé, avec la réalisation d’examen pour s’assurer du stade de la maladie avant le switch. Et ce, d’autant que certains patients ont une longue histoire thérapeutique et peuvent avoir été non-répondeurs à l’adalimumab ou à l’infliximab.
En conclusion
• Les MICI et la maladie de Verneuil sont des maladies qui peuvent être associées, encore plus en cas de consommation de tabac et d’obésité.
• Les physiopathologies de ces maladies restent incomprises et n’ont pas de facteur étiologique unique.
• La maladie de Crohn peut donner des manifestations ano-périnéales qui sont un diagnostic différentiel des lésions de l’hidradénite suppurée.
• L’instauration d’un anti-TNFalpha pour une maladie de Verneuil sévère doit toujours se faire en collaboration étroite avec l’hépato-gastro-entérologue.
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