Publié le 03 jan 2016Lecture 3 min
La trichotillomanie
Y. BOUREZANE, CHU Jean-Minjoz, Besançon
La trichotillomanie (Hair-Pulling Disorder) est un trouble qui pousse la personne affectée à s’arracher les cheveux, les cils, les sourcils, les poils de la région pubienne, les poils des aisselles ou de toute autre partie du corps.
Les critères diagnostiques du DSM-IV qui définissent la trichotillomanie sont les suivants : 1. Arrachage répété de ses propres cheveux causant une alopécie (absence de cheveux). 2. Sentiment croissant de tension juste avant l’arrachage des cheveux. 3. Plaisir, gratification et soulagement lors de l’arrachage de cheveux. 4. La condition n’est pas le symptôme d’un autre trouble mental (comme la schizophrénie) et la perte de cheveux n’est pas due à une affection médicale (dermatologique). 5. Le fait de s’arracher des cheveux provoque une détresse significative ou limite la personne atteinte dans au moins une de ses activités (vie sociale ou travail). Ces critères sont remis en question par de nombreux auteurs en raison de l’absence fréquente des autres éléments diagnostiques du DSM-IV. En effet, certaines personnes s’arrachent les cheveux sans remplir tous ces critères. La trichotillomanie (TTM) fait partie des comportements répétitifs centrés sur le corps (CRCC). Ce sont des gestes répétitifs d’auto-toilettage « self-grooming » consistant à se tirer les cheveux, ou à se gratter, mordre ou triturer la peau (dermatillomanie) ou les ongles (onychotillomanie), ou à mordiller ses lèvres parfois à l’intérieur des joues à l’origine d’érosions douloureuses. La TTM se manifeste cliniquement par une alopécie de taille variable allant de plaques simulant une pelade chez l’enfant (figure 1), à des érosions à type de prurigo chez les adultes jeunes (figure 2) ou parfois à de grandes plaques alopéciques à contours géographiques chez des sujets âgés (figure 3). La trichoscopie (dermoscopie du cuir chevelu) a nettement amélioré les performances de diagnostic de la trichotillomanie. Une étude récente(1) sur 44 patients atteints de trichotillomanie a retrouvé les signes trichoscopiques suivants : – cheveux cassés de tailles variables, retrouvés dans 100 % des cas (figure 4) ; – signe du V obtenu lorsque 2 cheveux émergeant du même orifice folliculaire sont cassés au même niveau (figure 5), observé dans 57 % des cas ; – cheveu en flamme : résidu proximal d’un cheveu au stade anagène qui reste attaché au scalp après arrachage (figure 6), retrouvé dans 25 % des cas ; – cheveu enroulé (coiled hair) correspondant à l’enroulement de la partie proximale restante du cheveu fracturé par l’arrachement (figure 7), observé dans 39 % des cas (17/44) ; – poudre de cheveux (hair powder) objectivée par la persistance de reliquats de poudre dispersée du cheveu traumatisé (figure 8), retrouvé dans 16 % (7/44). Le cheveu en tulipe se manifestant par un renflement de l’extrémité distale de la tige pilaire en forme de tulipe (figure 9) et la trichoptilose se traduisant par une fracture de l’extrémité distale du cheveu (figure 10), deux signes très importants au diagnostic de TTM(2), n’ont pas été clairement évalués dans cet article.
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