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Allergologie

Publié le 11 fév 2022Lecture 4 min

L’allergie au liquide séminal

Pauline PRALONG, service de dermatologie, allergologie et photobiologie, CHU Grenoble-Alpes

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Qu'est-ce que l'allergie au liquide séminal ? L’allergie au liquide séminal est une entité rare de prévalence inconnue. La première observation clinico-biologique a été rapportée en 1967 (Pr Halpern). Elle correspond à une réaction d’hypersensibilité immunologique de type 1, dépendante des IgE, dirigée contre un allergène présent dans le liquide séminal. L’allergène impliqué serait le Prostatic Specific Antigen (PSA). Quelles sont les manifestations cliniques ? L’allergie au liquide séminal s’exprime chez la femme pendant le coït ou dans les minutes qui suivent (maximum dans l’heure) : soit par des signes locaux de type prurit, sensation de brûlure vulvo-vaginale, avec parfois érythème ou œdème ; soit par des signes systémiques de type urticaire généralisée, angiœdème du visage, dyspnée, anaphylaxie. Un choc anaphylactique peut survenir dans 10 à 20 % des cas. La forme à expression locale est la plus fréquente. Le passage d’une forme locale à systémique est rare. Le port de préservatif, en évitant le contact entre le sperme et la muqueuse féminine, prévient totalement la survenue des symptômes. À quel âge apparaît-elle ? Comment devient-on allergique ? L’allergie au liquide séminal peut se manifester dès les premiers rapports sexuels ou apparaître au cours de la vie sexuelle. La survenue de ce type d’allergie est imprévisible. Il n’y a pas de facteur favorisant identifié. Il y aurait 2 modes de sensibilisation possible : soit la femme devient allergique au liquide séminal de son conjoint par le contact direct répété du sperme avec les cellules immunitaires des muqueuses féminines, ce contact induisant un jour, par un mécanisme inconnu, une réponse de type immune ; soit elle peut devenir allergique par contact avec le chien. En effet, une allergénicité croisée entre le PSA et la kallicréine prostatique du chien rCanf5, présente dans les urines et les phanères de l’animal, a été mise en évidence. Cette sensibilisation environnementale explique la possibilité de survenue des symptômes dès les premiers rapports sexuels . L’allergie au liquide séminal s'exprime-t-elle pour tous les partenaires sexuels ?  L’allergie au liquide séminal s’exprime pour un partenaire sexuel ou plusieurs, mais généralement pas pour tous, expliquant que le changement de partenaire « résout » le plus souvent le problème d’allergie. Comment fait-on le diagnostic ? Le diagnostic d’allergie au liquide séminal repose sur : une histoire clinique évocatrice : manifestations cliniques, disparition des symptômes lors du port de préservatif ; les tests cutanés : prick-tests (figure) et intradermoréactions (IDR) au liquide séminal du conjoint. Le liquide séminal est obtenu avec l’aide du laboratoire de biologie de la reproduction (CECOS), après centrifugation du sperme et filtration afin d’obtenir du liquide séminal stérile ; la biologie : le dosage des IgE spécifiques liquide séminal et rCanf5. Elles sont positives dans 1 cas sur 2 environ, habituellement dans les formes d’allergie à expression systémique Quelle prise en charge ? Quand il n’y a pas de souhait de grossesse, la prise en charge habituelle consiste à la poursuite du port du préservatif lors des rapports. En cas de souhait de grossesse, l’allergie au liquide séminal ouvre l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) : insémination artificielle : dans les formes à expression systémique, il existe un risque d’anaphylaxie lors du geste ; fécondation in vitro. Une alternative à la PMA est l’induction de tolérance au liquide séminal. Cette technique moins invasive est pourtant moins connue et plus rarement pratiquée. Le taux de succès est bon, et généralement plus élevé dans les formes à expression systémique que locale. Elle consiste à appliquer par voie vaginale, à la seringue, sur 3 jours, à intervalle régulier (généralement toutes les 30 min), du sperme du conjoint (recueilli le matin même) et dilué à concentration croissante. Cette exposition progressive à l’allergène permet d’induire une réponse tolérogène. Une prémédication par antihistaminique peut être proposée. Si après 3 jours, la tolérance est bonne, les rapports sexuels non protégés sont conseillés à un rythme de 2 à 3 fois par semaine pendant au moins 1 mois puis à un rythme minimum d’une fois par semaine. Un traitement antihistaminique peut être associé. En cas d’arrêt des rapports sexuels sur plusieurs semaines, il est possible de perdre la tolérance acquise, ce pourquoi les protocoles d’induction de tolérance ne sont le plus souvent pro- posés qu’aux couples avec souhait de grossesse.

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