Une allergie à la crevette sans allergie à la tropomysosine…

C’est ce que nous rappelle l’observation d’un patient de 45 ans ayant présenté 2 réactions allergiques à la crevette à 10 ans d’intervalle avec urticaire isolée la première fois et urticaire associée à des troubles digestifs la seconde. Les symptômes étaient apparus en une heure pour le premier incident et en ½ heure la fois suivante. Les sauces accompagnant les crustacés avaient été reconsommées dans l’intervalle sans inconvénient. Le bilan allergologique débutait par la pratique de prick-tests cutanés qui étaient à 4 mm pour l’extrait commercial de crevette (ALK°) et à 9 mm pour la crevette cuite (histamine à 6,5). Les tests vis-à-vis des aéroallergènes étaient positifs pour les acariens D Pter et D Far (sans symptomatologie clinique) et négatifs pour les autres aéroallergènes usuels. Les IgE spécifiques (ImmunoCAP°) étaient à 1,98 kU/L pour D Pter (d1), 4,40 kU/L pour D Far (d2), 1,24 kU/L pour la crevette (f 24) mais négatives pour la tropomyosine (f351). Des extraits allergéniques de crevette ont été produits et analysés par SDS-Page et immuno-empreinte. Les allergènes reconnus par ce patient ont ensuite été comparés à ceux de 3 autres sérums de patients allergiques à la crevette. Les sérums contrôles reconnaissaient fortement la tropomyosine, l’arginine kinase et la chaîne légère de la myosine ainsi que 3 allergènes respectivement de 7O, 100 et plus de 120 kDa. Le sérum du patient de l’étude reconnaissait faiblement l’arginine kinase mais fortement les allergènes de 100 et de plus de 120 kDa ainsi qu’un autre allergène de 75 kDa non reconnu par les sérums contrôles. Ces allergènes sont thermostables et probablement responsables de l’allergie atypique de ce patient.