Publié le 08 fév 2024Lecture 3 min
Dermatose inflammatoire - L’acné et le microbiome : une affaire de dysbiose !
Sibel ALI, service d’immuno-dermatologie, hôpital Ambroise-Paré (AP-HP), Boulogne-Billancourt
Les nouvelles connaissances de la physiopathologie de l’acné montrent que la perte de diversité microbienne au niveau cutané est un élément majeur de la survenue de cette dermatose inflammatoire chronique. En effet, il existe une prédominance du phylotype IA1 de C. acnes, mais d’autres bactéries semblent jouer un rôle important. Tout est une affaire de dysbiose…
Le microbiome cutané joue plusieurs rôles importants dans l’homéostasie de la peau. Il est impliqué dans la différenciation et l’épithélialisation de la barrière cutanée, médié par le récepteur d’arylhydrocarbone (AhR) qui agit comme une barrière chimique de la peau en créant un pH acide, ce qui restreint la colonisation par les bactéries pathogènes ; l’AhR module également l’immunité innée et adaptative. L’altération du microbiote de la peau ou dysbiose est à l’origine de pathologies cutanées telles que l’acné ; dans ce cas, la dysbiose s’accompagne d’une augmentation de la perte transépidermique d’eau et implique une modification de la distribution des bactéries mais aussi de l’activité métabolique ou métabolome.
Dans l’acné modérée à sévère peuvent aussi survenir des altérations du microbiote intestinal.
Cutibacterium acnes est la principale bactérie en cause dans l’acné. C. acnes a 6 phylotypes connus. Dans l’acné, il y a une prédominance du phylotype IA1. C. acnes n’est pas la seule espèce impliquée. Les bactéries interagissent entre elles. C. acnes inhibe la prolifération de S. epidermidis et de S. pyogenes, induit la sécrétion d’AMP par les kératinocytes et hydrolyse les triglycérides du sébum avec la production d’acide propionique. Quant à S. epidermidis, il inhibe la prolifération de C. acnes, favorise la fermentation du glycérol naturellement produit par la peau, et induit la production d’acide succinique. L’objectif n’est pas d’éliminer C. acnes mais de créer un équilibre.
MODIFICATION DES ESPÈCES BACTÉRIENNES EN PRÉSENCE
L’étude japonaise de Akaza et coll.(1) montre que le contenu du comédon et des échantillons de surface cutanée a été prélevé chez 22 patients souffrant d’acné sévère et modérée non traitée. Chez les patients atteints d’acné sévère, il existait une abondance de bactéries Gram négatif et dans une moindre importance des champignons. Les résultats ont par ailleurs montré que la bactérie prédominante dans le comédon était Cutibacterium spp. Les microorganismes prédominants à la surface de la peau étaient Staphylococcus spp. et Malassezia spp., en particulier Malassezia restricta. En ce qui concerne le métabolome, le microbiome du comédon a montré une activité métabolique plus forte, y compris la production d’enzymes liées à l’acné, par rapport à celle de la surface de la peau. Les souches liées à l’acné génèrent plus de porphyrine, plus de facteurs inflammatoires dans les kératinocytes : espèces réactives de l’oxygène, cytokines (IL-8, IL-17, IL-16), CAMPs, Lipase, MIMPS. Dans l’acné modérée à sévère, il y a aussi des altérations du microbiote intestinal. Chez ces patients, il y a une densité plus faible d’actinobactéries et une densité plus élevée de protéobactéries. La diversité du microbiote intestinal est altérée.
En ce qui concerne les différents traitements de l’acné, les antibiotiques topiques induisent la dysbiose. Le nicotinamide aide à maintenir l’équilibre du microbiome. L’isotrétinoïne modifie le microbiome cutané. Le peroxyde de benzoyle diminue le nombre et la diversité des espèces bactériennes. La 23/01/69444281/PM/001-SOO135F minocycline réduit l’abondance de C. acnes, augmente l’AMP dans la peau. La doxycycline réduit l’abondance de C. acnes, augmente la diversité alpha. La thérapie photodynamique réduit l’abondance de C. acnes, augmente la diversité alpha, augmente l’abondance d’autres taxa. Le peeling à 30 % d’acide salicylique diminue la richesse et l’équilibre du microbiome cutané.
Il est crucial de toujours associer à un nettoyant à PH 5,5 une crème hydratante pour restaurer la barrière cutanée et le microbiome. Le microbiome cutané joue un rôle central dans l’inflammation de l’acné. Même si le phylotype prédominant impliqué dans l’acné est C. acnes IA1, il existe d’autres bactéries commensales qui jouent un rôle dans l’acné.
Grâce aux récents progrès dans le domaine du microbiome cutané, les bactériothérapies potentielles offrent un avenir intéressant pour le traitement de l’acné et d’autres dermatoses inflammatoires.
D’après la communication du Pr Brigitte Dréno (CHU Nantes), « Relations between the microbiome and acne »
EADV 2023.
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