Publié le 29 mai 2007Lecture 2 min
Si l’histopathologie mime un psoriasis, il ne faut pas accabler le dermatopathologiste
Dr Michel Cora
« Le psoriasis se caractérise histologiquement par une hyperacanthose et une hyperpapillomatose » signalent les Précis de dermatopathologie.
Ces anomalies traduisent le renouvellement excessivement rapide de l’épiderme, associée à un trouble de la différenciation. Mais d’autres signes caractérisent le psoriasis, notamment une infiltration de cellules inflammatoires, très précoce et constituée, dans un premier temps, de polynucléaires neutrophiles se réunissant sous la couche cornée (les micro-abcès de Munro). De la sorte, ils entraînent des altérations majeures des membranes des kératinocytes du fait de la libération d’enzymes lysosomiales. Ces altérations activent en permanence le renouvellement épidermique. Mais les mitoses que l’on retrouve au sein des kératinocytes ne sont pas limitées à la membrane basale. D’autres cellules infiltrent ces lésions cutanées : CD4 dans le derme, CD8 dans l’épiderme et infiltration lymphohistiocytaire dans les vaisseaux. Dernière caractéristique : l’absence d’éosinophiles. « Voilà pour la théorie » a expliqué le Pr Marijke Canninga-van Dijck, dermatopathologiste à l’université d’Utrecht. Mais, en en pratique, les choses sont parfois fort différentes et le diagnostic différentiel difficile. Ainsi, ces lésions psoriasiformes peuvent se rencontrer dans de nombreuses dermatoses, inflammatoires ou non (dermatite chronique spongiotique, lichen simple chronique, candidose chronique, …), voire dans certains lésions néoplasiques. Dans la dermatite chronique spongiotique, l’hyperplasie de l’épiderme est plus irrégulière avec des zones acanthosiques et les creux suprapapillaires ne sont pas aussi fins que dans le psoriasis. Enfin, la spongiose est plus manifeste et des éosinophiles peuvent être présents en cas d’impétiginisation. Dans le lichen simple chronique, l’épiderme est le siège d’une hyperplasie psoriasiforme avec papillomatose, les couches cornées présentant autant une orthokératose qu’une parakératose, et les neutrophiles sont absents. Cela dit, certains aspects spécifiques peuvent aider au diagnostic, notamment l’orientation verticale des fibres collagènes et des vaisseaux sanguins dans le derme papillaire. Quant aux candidoses, qui n’ont aucune spécificité histologique et peuvent donc être aisément confondues avec un psoriasis, seule la coloration au PAS en permet l’identification certaine. Plusieurs autres affections cutanées peuvent mimer un psoriasis sur le plan histopathologique, elles ne peuvent être suspectées que lorsque l’histoire clinique est connue également du dermopathologiste. « Ne tirez donc pas sur le pianiste ! » conclut Marijke Canninga-van Dijck.
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